lundi 15 octobre 2007

Cellules souches : le passé et l’avenir

Vous avez dit cellules souches ? Vous voulez dire recherche, progrès, guérison ? Pas en Suisse : ici ces deux mots évoquent plutôt inquiétudes, morale de province et Ethique avec un E majuscule comme Embryon, combats politiques stériles entre une gauche conservatrice et une droite progressiste, ou encore lois, votations, réglementations, contrôles… Heureusement, tout espoir n’est pas perdu, grâce à quelques personnalités exceptionnelles comme Marisa Jaconi, qui continue de se battre, sur le front scientifique comme sur le front politique, pour que la Suisse ne rate pas ce train là. En France par contre, le train est pris et les cellules souches attirent d’ores et déjà les plus grands de l’industrie du luxe. Comme le dit Frédéric Bonté, Directeur de la communication scientifique chez LVMH, il ne se passe plus une semaine sans qu’il ne soit fait, d’une manière ou d’une autre, allusion aux cellules souches embryonnaires dans la presse scientifique ou généraliste. Et d’organiser, à Paris, le 20 septembre 2007, un grand symposium sur la recherche sur les cellules souches et leurs applications dans le domaine de la cosmétique – Christian Dior, Givenchy, Sephora notamment… 48 participants de LVMH, 128 de toute la France, d’Allemagne, de Belgique, d’Italie, des Etats Unis - et deux genevoises. L’INSERM (Institut national de la Santé et de la Recherche Médicale) et ses chercheurs (U602, U858, U590) sont très présents, confirmant que le développement des partenariats publics et privés pour la recherche et le développement, qui constituent l’une des nombreuses priorités nationales de Nicolas Sarkozy, est lui aussi déjà en route.

Les débats politiques et éthiques ne sont pas à l’ordre du jour. Ici on parle concret : science, développement et applications. Et la question n’est déjà plus de savoir si oui ou non et sous quelles conditions on va utiliser des cellules souches – mais comment et pourquoi. Et c’est tout naturellement, pour des raisons très pragmatiques, que l’utilisation des cellules souches autologues de la moelle, du muscle ou de la peau, ou encore des cellules souches amniotiques, prend le pas sur celle de cellules souches embryonnaires. Il est urgent, nous dit Eric Perrier, vice-directeur de la recherche chez LVMH, de comprendre mieux encore les origines et les applications des cellules souches non-embryonnaires ainsi que les mécanismes de leurs effets, par exemple sur la prévention du vieillissement (cutané), effets qui pourraient alors être potentiellement reproduits par d’autres approches.

Mais si LVMH se positionne comme un pionnier dans le domaine en organisant ce symposium dans une vision d’applications très concrètes et à relativement court terme, la grande maison n’est pas la seule… Virgin veille de même, et c’est en février dernier déjà que le magnifique Richard Branson a annoncé l’ouverture de la Virgin Health Bank, dont la mission sera de stocker le sang de cordon ombilical des nouveau-nés, riche en cellules souches, qui pourraient être utilisées, plus tard, pour guérir des maladies aujourd’hui incurables ou pour réparer des organes. L’industrie visionnaire ?

Publié dans l'AGEFI, le 15 octobre 2007

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