jeudi 2 septembre 2010

Psychiatre, artiste, écrivain... Cent dessins, cent aphorismes et la couleur rouge

Pierre Desclouds est psychiatre. Ce fut pour lui une manière de devenir artiste. Nous étions ensemble à la Faculté de Médecine. Oui, j’écris sur le travail d’un ami. Mes amis sont souvent artistes et les artistes avec qui je travaille deviennent des amis - mes amis sont souvent psychiatres et ces psychiatres deviennent écrivains, tels Willy Pasini, François Ladame, Georges Abraham... et Pierre Desclouds. On écrit avec l’âme humaine, on crée des images avec l’âme humaine, on l’aime, elle nous effraie souvent, alors on la soigne aussi, on se penche sur elle à l’intérieur des corps.


Et chacun de nous, à sa manière, développe sa propre vision de l’existence, son histoire et son chemin, avec ou sans l’appui d’un psychiatre, de l’écriture, de la création.... Le chemin de Pierre Desclouds est plein d’ironie et d’autodérision, plein de joie aussi. Le passé reste ineffaçable mais “l’avenir est un blues de toutes les couleurs” et tous les espoirs sont permis. Cent Grammes d’Engrammes (Ed. L’Age d’Homme) nous en dit long en très court. A consommer avec modération. Un aphorisme par jour. Car, comme dit l’écrivain, à moins que ce ne soit le psychiatre : “j’ai besoin de mots anti-maux.” Et l’amitié là-dedans ? Elle est comme la psychiatrie : elle se tait, elle laisse venir, se satisfait d’informations parcellaires et elle aussi, sait les mots anti-maux.


Le 2 septembre, Pierre Desclouds expose à la Villa du Jardin Alpin, ce lieu meyrinois presque reculé mais suave dédié aux artistes d’ici, Cent Monotypes et Cent engrammes. Pour lui qui a beaucoup gravé et qui sait que le burin donne le trait le plus fin, les monotypes offrent une plus grande liberté. La plaque de cuivre toujours – mais avec des courbes, des pleins, des couleurs... Un travail de la maturité, un corps à corps avec la matière, et des variations entre secret et ouverture, entre érotisme et effroi, et soudain apparaît le rouge, comme un intrus, la richesse d’une plume à venir. See you there !


Publié dans les Quotidiennes, le 2 septembre 2010

Aucun commentaire: