mercredi 15 octobre 2008

L’intelligence, l’esprit, la beauté, l’amour

Un credo à la puissance 104. C’est en tout cas avec ces mots: «l’intelligence, l’esprit, la beauté, l’amour», prononcés sans emphase ni faux-semblant, que le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, a clos son discours d’inauguration du 104. Le 104? Mais oui, 104, rue d’Aubervilliers. Rue Curial aussi – en fait, une sorte de passage, entre le 18e et le 19e arrondissement, constitué par les bâtiments des anciennes Pompes funèbres municipales.

Après une très longue histoire de sauvetage, de reconstruction sans démolition, de restauration, de transformation, d’imagination, conduite par l’Atelier Novembre (Marc Iseppi et Jacques Pajot, architectes) sous une houlette politique enthousiaste de bout en bout, qu’il s’agisse du Maire du 19e, du Maire de Paris, ou encore de la Région, les anciennes Pompes funèbres se voient transformées en un lieu de création vivante, un lieu, selon Delanoë, dont «rien de l’âme de la création ne soit exclu», un lieu qui devra s’inventer chaque jour, un lieu de mondialisation humaine, «sans barrière à l’émotion du beau ou de l’art».

39 000 mètres carrés: ateliers de création, de «fabrication artistique», salles de diffusion, artistes en résidence, ateliers pour artistes amateurs, ouverture sur le monde, pépinière d’entreprises innovantes, jardin suspendu, club fondateur des sponsors… rien ne semble avoir été oublié.

Trop idyllique? Forcément récupéré, la culture mise sous tutelle politique? Dirigé par deux hommes de théâtre (Robert Cantarella et Frédéric Fisbach) sans compétence dans les arts plastiques? Populiste? Rien n’indique que cela sera. Si vous n’étiez pas à l’ouverture, ce 11 octobre; si vous n’avez pas entendu le concert gratuit de Tricky; si vous n’avez jamais mis les pieds dans le 19e arrondissement et si vous n’avez pas encore vu Slick, la foire alternative d’art contemporain qui sera cette année accueillie en ces lieux, à faire verdir de jalousie le Grand Palais: allez voir le 104, toutes affaires cessantes. Car l’art et la culture sont désormais des biens de première nécessité. Et dans le 19e arrondissement de Paris, c’est bien de cela dont il s’agit: de la première nécessité. L’intelligence, l’esprit, la beauté, l’amour.

Publié dans Les Quotidiennes, le 15 octobre

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