samedi 26 décembre 2009

Noël, épiphanie du souvenir ou de la création?

Pourquoi les fêtes ont-elles des dates ? Pourquoi fêtons nous Noël en décembre, toujours ? Je crois que les dates essaient certes de structurer le présent, mais aussi et surtout de conserver le passé, de le perpétuer, de conserver nos souvenirs d’enfance et les autres, comme on conserve des fleurs dans un herbier, et leur parfum suranné…

Comment étaient les Noëls de votre enfance ? Les miens ressemblaient à des contes germaniques : regarder le ciel avec mon grand père par la lucarne du grenier, mon grand-père qui me montrait le Jura dans la lumière dorée et rose du soir, ou dans la brume blanche de la neige attendue, et me disait et redisait chaque année que Saint Nicolas venait de là, et qu’il m’apporterait des verges si je n’étais pas sage... délicieux frisson de peur dans les bras de mon grand-père. Ma mère décorait la maison, c’était simple et beau, il faisait froid dehors, dedans les bougies sur le sapin (des vraies, à l’époque), et les chants...

Ce paradis que l’enfance est parfois, nous voulons le célébrer, encore et encore, pour arrêter le temps... Mais aujourd’hui ma mère a 87 ans, et je lui dédie ce billet, pour la remercier d’un moment plus beau même que les souvenirs : un moment de création. Peintre, elle peint toujours. Et en cet après-midi de Noël, elle a dessiné dans une concentration absolue, une concentration d’artiste au travail, peu importent les années, nulle date n’importe si ce n’est celle d’aujourd’hui, et le passé n’est que le vivier où elle puise son savoir-faire. Le trait est sûr, sans hésitation… Epiphanie sans âge de la création.

Alors fêtons encore, pour enrichir nos souvenirs d’hier et créer ceux de demain !

Publié dans les Quotidiennes, le 26 décembre 2009

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