mercredi 8 avril 2009

A propos de l’écriture, le Parfum d’Ourgada

Ecrire, quelle drôle d’activité. En art, nous sommes à l’ère de ce que les historiens appellent le pillage, le sampling, l’expansion, l’inclusion… on emprunte tout, on prend tout, on transforme, on refait, on s’approprie dans l’euphorie, dans les arts «plastiques» (ancrés dans la «physicalité» des choses donc) et encore davantage, dans l’art virtuel, toute cette nouvelle mouvance de l’art sur la toile, pour lequel la reproduction, la diffusion et la communication se mêlent dans une confusion qui ne semble déranger personne si ce n’est quelques experts tels un Jean-François Robic, artiste et professeur d'arts plastiques à l’Université de Strasbourg. Les artistes, autrefois dits compagnons du réel, deviennent aussi bien compagnons du virtuel.

Qu’en est-il de l’écriture?Contrairement aux arts plastiques ou à ceux politiques, la pratique de l’écriture est et reste, solitaire et nocturne. Le sampling existe depuis toujours: on utilise pour écrire les mêmes mots… pas d’invention de matériau depuis des siècles. Pas de renouveau du matériau. Les mots, donnés une fois pour toutes, comme les couleurs. Les miens, les mêmes que les vôtres. Même si j’affectionne particulièrement amarante, Ourgada, Brisbane, herméneutique, vernaculaire et ancillaire… rien d’original à cela. Et j’aime aussi, printemps, oseille, âcre, empreinte, parfum dilettante et benjamin… tous ces mots sont sur la toile. Ils m’appartiennent comme à vous, à vous comme à moi. Et pourtant… cela n’empêche pas les dinosaures de leur accoler encore un copyright, dès que deux mots sont mis côte à côte pour exprimer une idée, un concept, un produit, un joyau, par exemple… Parfum d’Ourgada ? Hop, ©.

Mais ces mots, ces sigles, © ou non, sont pourtant inscrits sur le web, indexés dans cet espace « para » que je partage avec le monde entier. Alors, fêtons le partage ! et abandonnons immédiatement le Copyright. Inspirons nous du sampling de l’art plastique, et introduisons le Copyleft. Quel bonheur et quel honneur, quand quelqu’un ou quelqu’une enfin, samplera “mes” mots, et au lieu de me dire bonjour, dans la rue ou sur le net, me saluera avec mes préférés, couleur amarante et parfum d’Ourgada! A toi bien sûr…


Publié dans les Quotidiennes, le 8 avril 2009.

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