mardi 26 janvier 2010

Burqa, minaret... et la lapidation alors?

On interdit les minarets en Suisse; on parle d'interdire la burqa en France. D'une manière ou d'une autre, on cherche à voiler les manifestations d'une culture que nous ressentons comme menaçante. Et pourtant... les minarets ne sont pas des bombes et il semblerait que la burqa ne concerne que 367 musulmanes en France. Oui oui bien sûr, on me dira que la burqa est une "atteinte à la dignité des femmes" selon les termes du président Sarkozy - la burqa, une violence faite aux femmes et les minarets une violence faite au paysage suisse, ses montagnes ses lacs ses villages séculaires, et que le nombre compte moins que le principe.

Mais si la question est vraiment celle du principe - alors, comment se fait-il que les politiciens franco-suisses en mal de voix de droite ne se posent pas la question de savoir comment donc interdire partout dans le monde une violence bien plus honteuse pour ceux qui la commettent et bien plus terrible pour celles qui la subissent, à savoir, la lapidation à mort des femmes "infidèles" ou autres pratiques similaires? Si nous nous posions la question de savoir, combien de femmes sont concernées de part le monde par ce que l'on appelle avec opprobre "infidélité", peut- être en viendrions-nous d'ailleurs non seulement à vouloir en abolir le châtiment, mais la culpabilité même qui y est associée.

Beaucoup de spécialistes de l'islam le disent: les musulmans ont besoin d'alliés. En Suisse, en France, partout - et nous aussi, nous avons besoin d'alliances, notamment - mais pas seulement - pour faire évoluer la vision et la place de la femme vers plus de liberté. Ce n'est pas avec les interdictions, qui de minarets qui de burqa, que l'on va favoriser l’émergence d’un islam européen dont les spécialistes voient pourtant déjà les prémices, un islam, selon Laurent Joffrin "fidèle à sa foi et acclimaté à la culture des droits de l’homme". Et des droits de la femme, dont le respect va de pair, dans l'histoire des civilisations, avec le progrès social.

Publié dans les Quotidiennes, le 26 janvier 2010

Aucun commentaire: