mardi 19 février 2008

Working Men


Exposition Working Men (art contemporain et travail; commissaire: Paul Ardenne), à Analix Forever, du 14 mars au 8 mai 2008. Vernissage le 13 mars 2008.

Consultez le site www.working-men.org pour de plus amples informations.

lundi 18 février 2008

Le Temps des Femmes ? Le travail !

«Hope is never a strategy»
Georgetown University, MBA program, 2003


Un dimanche historique. Une soixantaine de femmes font Le Temps. Femmes d’exception? Non, pas vraiment. Plutôt des hommes comme les autres: des femmes au travail. La qualité de la préparation, la volonté de bien faire, le bruit des neurones, le cliquetis léger des claviers, les rencontres et les échanges, la capacité d’écoute, les conseils reçus et suivis avec attention: qualités féminines? Non, pas vraiment. Qualités professionnelles. Avec, peut-être, la légèreté en plus. Au détour d’un bureau, on entend une histoire d’amour: «je ne pensais pas que cela pouvait m’arriver, il faudra que je te le présente», autour des tables, des compliments «tu es rayonnante – comme tu es belle – ta robe (oui il y en a quelques-unes) te va à merveille» - et des éclats de rire, à gorge déployée, qui fusent ici et là. Mais l’essentiel, c’est le travail. D’ailleurs, vous avez Le Temps entre les mains: we did it ! Il y a peut-être, en toute femme, une conteuse, une journaliste qui s’ignore ?

Et ce travail, que nous avons réalisé aujourd’hui, avant de reprendre chacune notre travail, demain, ne nous a pas volé notre dimanche, il nous a à peine fatiguées: bien au contraire, il nous a apporté l’énergie formidable du travail accompli, et qui plus est, accompli ensemble. Un travail qui, comme celui de l’agriculture, tient compte du Temps interne aux choses, de la matière, des flux. L’initatrice du projet, Valérie Boagno, a voulu voir le Temps «à l’œuvre», à l’œuvre de la relation - et pour cela, «il faut être dans le faire».

Le travail nous construit, nous positionne et nous permet de réaliser nos rêves – parfois – ou en tous cas, de nous en approcher, de ne pas les perdre de vue, de ne pas les laisser s’échapper. Le travail est producteur de sens et d’identité - cela, le chômage de ces dernières années ne l’a que trop bien montré – et sans vouloir le sacraliser (j’aime à me rappeler l’adage de Martin Creed, artiste : «The whole world + the work = the whole world»), nous devons bien lui reconnaître, au-delà de ce que nous en avons fait, ce qu’il a fait de nous : des femmes engagées, impliquées, ayant investi, comme le précise notre rédacteur en chef, toutes les plages de la société. «La preuve par l’acte», me glisse Anne-Catherine Lyon. Sans oublier, comme le dit si bien le styliste Kris Van Assche, que «le travail le plus noble, c’est le travail sur soi».

vendredi 15 février 2008

« The House that Herman built »

« OK woman, build my house but hurry up, I need a place to sleep »
Herman Wallace, 28 novembre 2002

En février 2001, Robert King Wilkerson, après avoir vécu 29 ans de confinement solitaire pour un crime qu’il n’avait pas commis, sort de la prison « Angola », le pénitencier de l’Etat de Louisiane, ainsi nommé d’après l’ancienne plantation sur laquelle il a été érigé. Quelque temps plus tard, il donne une conférence à San Francisco, ou plutôt, il raconte, devant un auditoire clairsemé, sa vie en prison. Arrive le temps des questions. Jackie Summel, jeune étudiante en art à Stanford, se lève et demande : « Que puis-je faire ? ». « Ecrire à mes camarades, Herman Wallace et Albert Woodfox ».

Jackie Summel prend donc la plume. Et le jour où on lui demande de préparer une dissertation sur la question des maisons de rêve, elle écrit à Herman Wallace : « De quel genre de maison rêve un homme qui a vécu pendant plus de trente ans dans une cellule de deux mètres sur trois ? » La réponse sur www.hermanshouse.org.

Depuis six ans désormais, Jackie Summel travaille à construire la maison de Herman. Elle est aussi devenue artiste, a exposé à plusieurs reprises les maquettes de son projet et publié un livre, recueil des lettres de Herman et des maquettes de la maison. Une maison « normale », avec des fleurs tout autour (beaucoup de fleurs, parce que, comme dit Herman « les fleurs sont nécessaires parce qu’elles génèrent de l’oxygène, l’essence de la vie »), la seule extravagance étant la piscine, au fond vert clair, avec une grande panthère en son centre, en hommage au parti de la Panthère Noire, union d’activistes visant notamment à faire reconnaître les droits des Noirs aux Etats Unis.

Vous pouvez vous aussi écrire à Heman Wallace : prisonnier 76759. Jackie, elle, n’écrit plus au numéro 76759. « J’écris à un ami, un compagnon, un confident. J’écris à une personne. C’est une révolution. ».

Et n’hésitez pas, si vous le souhaitez, à soutenir Herman Wallace et Jackie Sumell: vous trouverez tous les détails sur www.hermanshouse.org. Le plus petit geste, en l’occurrence, aura force de liberté. Et participera à la détermination de celui qui dit encore, « … you’re not going to see me break ».

Publié dans les Quotidiennes, le 15 février 2008