mardi 27 octobre 2009

La vie cachée

Jeudi 22 octobre. Il fait nuit, il pleuvine, je me fais renverser par une voiture rouge place de la Concorde à Paris. Un événement digne des Quotidiennes ! Les pompiers parisiens m’emmènent aux urgences de l’Hôtel Dieu. On pousse mon brancard à la suite de ceux qui sont là déjà, depuis combien de temps. Et d’emblée je me demande, si je suis à l’hôpital ou au commissariat de police. Elle est partout, la police, entre les brancards, dans les couloirs, les jambes écartées pour la solidité de la base du pouvoir et les visages fermés. Un vieillard crie, il appelle sa fille. « Ma fille ! Elisabeth ! Elle est où ? » On le rassure : « Elle va revenir… » disent à tour de rôles les soignants qui passent d’une salle à l’autre. Un autre vieillard décharné et blafard garde les yeux fermés et respire péniblement, la bouche grande ouverte. Une toute jeune fille est assise sur son brancard, blottie dans un grand papier doré, comme un cadeau étrange à peine ouvert. Je vois les bras d’une femme cachectique à qui on a mis une perfusion gonfler dangereusement, et j’imagine ses veines trop fragiles pour contenir le liquide avec lequel on essaie de la perfuser. Un soignant passe, me regarde et dit, « Tiens, une personne normale. » Encore que. Il m’amène en radiologie, au sous-sol. Descente. Pour le retour, il doit prendre son élan, courir pour réussir à pousser le brancard à la montée. Je ne suis pas lourde pourtant… Après quelques heures, on me transférera à l’Hôpital Cochin, parce qu’il n’y a pas d’orthopédiste à l’Hôtel Dieu. Et deux jours plus tard, j’arrive finalement aux urgences de la Clinique des Grangettes, où tout est parfait, lumineux, impeccable. Je n’ai même pas l’impression d’être « aux urgences ». Plutôt chez mon médecin traitant.

Et pourtant, la vraie urgence, c’est bien ce que j’ai vu à Paris. L’urgence de l’autre, perdu, l’urgence de cette vie qui souvent se cache, la nuit, dans les hôpitaux publics de Genève, de Paris et d’ailleurs. J’ai travaillé, il y a longtemps, aux urgences. Il faudrait y retourner, régulièrement, pour ne pas oublier, ni même abstraire. Et relire, encore, Les Naufragés de Patrick Declerck, qui a suivi pendant quinze ans la population des clochards de Paris, au Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre. Il se pose les mêmes questions fondamentales : « Qui sont-ils, ces êtres étranges aux visages ravagés ? Ces exilés qui nous côtoient, qui dérangent notre regard et suscitent nos fantasmes ? » Pour conclure, après un long périple : « Révérons les fous. Ils ont osé plus que nous. Sachons veiller sur ces splendeurs détruites que nous avons l’honneur de soigner. » Fou, plus précieux que normal. Ne le sommes-nous pas tous – ou sur le fil du rasoir ? Il faut être un peu fou aussi, pour savoir travailler aux urgences dans ces conditions. Alors merci.

Publié dans les Quotidiennes, le 27 octobre 2009

lundi 26 octobre 2009

Vous cherchez Barbara ?


Née aux Grangettes il y a quelques années j’y retourne pour quelques jours...
Merci de votre patience, je serai bientôt à nouveau sur mes pattes et mes béquilles
Et mille mercis à Kris, Stanislas, Christine et Mohamed pour avoir organisé mon retour de Paris !



Si vous avez envie de m’entendre en mon absence, vous pouvez aussi le faire sur Radio Cité, grâce à Olivier Delhoume et avec mes amis Ornela Vorpsi et Yann Apperry.

Voir l'émission du 15 octobre 2009.

dimanche 25 octobre 2009

Les merveilleuses cochonneries de Analix Forever


La FIAC, qui a lieu au Grand Palais et à la Cour carrée du Louvre, à Paris, jusqu'au dimanche 25 octobre, a généré quatre foires off. C'est trois de trop. 61 galeries pour Slick, près de 200 pour Art Elysées, 21 pour Show Off, une trentaine pour la nouvelle venue, Cutlog, l'offre est pléthorique, et pas toujours au niveau. Mais pour qui peut faire abstraction de quelques kilomètres de croûtes, il y a d'heureuses surprises. A condition de beaucoup marcher, dans des lieux parfois ingrats : la tente de Show Off bénéficie d'une jolie vue sur la Seine, mais l'enfilade de stands d'Art Elysées est sévère. Cutlog est mieux lotie, dans la superbe rotonde de la Bourse de commerce.

La suite en PDF.


Publié dans Le Monde, le dimanche 25 octobre 2009.

mardi 20 octobre 2009

Sur le seuil

Le détenu Herman Wallace s'est construit une maison imaginaire. Échappatoire et oeuvre d'art.


Pourquoi doit-on s’évader d’Angola ?

Parce que les prisonniers en confinement solitaire dans le pénitentier d’Angola, dans l’Etat de Louisiane, ces Black Panthers qui auraient dû être libérés depuis longtemps n’étaient-ils restés Black et fidèles à l’idéologie Panthers, y vivent dans des cellules de deux mètres sur trois. L’artiste new yorkaise Jackie Sumell entretient depuis 2001 une correspondance épistolaire avec l’un d’entre eux, n° 76759, Herman Wallace. « Si j’avais été boulangère, j’aurais fait des biscuits Herman Wallace. Si j’avais été peintre, j’aurais inventé une couleur Angola. Si j’étais banquier j’aurais une cravate à son effigie… il se trouve que je suis artiste, alors je parle avec mon vocabulaire. »

Son vocabulaire ? Un vocabulaire du faire. Faire l’artiste. Elle demande à Hermann : « De quel genre de maison rêve un homme qui a vécu pendant plus de trente ans dans une cellule de deux mètres sur trois ? » et sur la base des rêves qu’il lui transmet, elle dessine des plans, réalise des maquettes, les soumets à sa critique, jusqu’à ce que la satisfaction les illumine tous deux, oui, « you got it right baby » - elle les expose alors, publie un livre, The house that Herman built, s’installe à la Nouvelle Orléans pour être plus près de Wallace, recherche un terrain – un terrain herbu - et des fonds. Car le temps presse. « OK woman, build my house but hurry up, I need a place to sleep » lui écrivait Herman Wallace en 2002 déjà, tout au début de leur projet.

Mais comment s’évader d’Angola ?

Par l’esprit. Par le rêve – celui, en l’occurrence, d’habiter sa propre maison. Une maison « normale », qui puisse convenir à tout un chacun. Wallace se veut inclusif : pour répondre aux besoins de tout un chacun, le design de la maison se doit d’être « standard ». Des pièces spacieuses mais sans excès, de la lumière, une salle de conférences pour refaire le monde, beaucoup de dispositifs de sécurité, détecteurs de fumée, alarmes… rémanances de prison. Mais Wallace ne voudrait pas que sa cuisine brûle, cette cuisine baignée de jaune où il fera bon manger à toute heure du jour et de la nuit. Des fleurs tout autour, beaucoup de fleurs, parce que les fleurs génèrent l'essence même de la vie, et, seule extravagance, une piscine au fond vert clair avec une grande Panthère Noire en son centre. Never surrender.


Never surrender. Selon Sumell, Herman Wallace est génial, c’est-à-dire qu’il a un gène spécial, qui le rend plus jeune et plus brillant au fur et à mesure des années qu’il passe en prison. « He is mind over matter. En Herman Wallace, je n’ai rencontré ni un prisonnier ni une cause, mais un homme. Moi je suis sa voix. Mais l’esprit contrôle la voix : et lui est l’esprit. »
« Avoir une maison est un tel privilège, affirme Sumell. C’est le contrepoint de ce que serait une prison. Vivre la liberté, la dignité. Ne pas avoir à demander, quand on a besoin d’aller chier. Pour Herman, la maison est un instrument d’organisation, le mécanisme même de l’échappement, un tool pour le rêve. »
« Tout est possible, tout est ouvert. » dit encore Sumell avant de partir à travers la ville, légère et souriante, avec ses trois mentees de la Nouvelle Orléans à qui elle fait découvrir Paris.
Tout est possible, tout est ouvert.
L’évasion même.



Le site de Jackie Sumel.

Publié dans Citizen K, automne 2009.

vendredi 16 octobre 2009

Je désire donc je suis

On la mange parfois comme un fruit. On la dévore parfois comme un livre. La passion. Barbara Polla nous le prouve par ce nouvel ouvrage, le troisième publié aux éditions L’Age d’Homme, après A toi bien sûr et Kris van Assche, Amor o muerte. La passion, ici noyau palpitant d’une aventure amoureuse vécue de l’intérieur et qui, à l’instar de tous les modèles du genre, est voué, sinon à l’échec, du moins au repli, au coût d’une totale reconstruction du réel. Entretien avec l’auteure, dans l’intimité de la librairie genevoise Le Rameau d’Or, à propos d’une œuvre au style si personnel.

Vous êtes médecin, chercheuse mondialement réputée, mais aussi une galeriste avertie, à l’affût de toutes les manifestations de l’art contemporain. On imagine votre agenda bien rempli. Quand trouvez-vous le temps de vous confronter à la feuille blanche?
C’est vrai que je suis très occupée par mon travail et mes obligations! En général je profite de mes déplacements pour me retrouver avec moi-même, mais c’est surtout la nuit que j’écris. J’aime son espace, cette sensation de pouvoir illimité sur les choses. En fait l’acte d’écriture, je le pratique depuis l’enfance. Je me souviens de poèmes en particulier. Mon père était un peu mon modèle. Il a énormément écrit durant sa vie, sans ne jamais oser rien publier. Me concernant, cette activité est celle que je considère désormais comme la plus importante, celle qui donne le plus de sens à mon existence. Presque une obsession!

Comment concevez-vous votre travail d’écriture? La scientifique parvient-elle à rester en retrait pour permettre à l’imaginaire de s’exercer?
J’ai toujours conçu l’écriture comme un processus solitaire, un repli qu’on pourrait qualifier de monacal. C’est inévitable. Mais le fait d’avoir rédigé des dizaines d’articles en tant que chercheuse m’influence encore. C’est un exercice fort différent de la littérature, qui structure l’esprit, et j’en ai retenu ce goût très prononcé pour l’investigation. J’expérimente souvent personnellement les choses que je cite dans mes livres. Par exemple pour Victoire, je me suis rendue dans plusieurs cathédrales, j’ai effectivement compté les pas qui mènent au chevet dans la nef de Rouen, comme le fait l’un de mes personnages! J’ai aussi écouté les radios de lieux où se déroulent certaines scènes de mon roman, pour en saisir les atmosphères. Je ressens ce besoin de savoir de quoi je parle.

Y a-t-il des figures de la littérature ou des penseurs qui vous inspirent, vous guident dans cette vocation d’écrivain, celles auxquelles vous revenez boire comme à une source?
Spinoza, évidemment, pour ce mélange d’esprit scientifique rigoureusement composé et d’âme sensible, mortelle, puis Deleuze. Cesare Pavese également. Son intelligence incroyable, la violence de sa pensée, qui paraissent pourtant s’effacer derrière une prose d’une grande sobriété. C’est un véritable maître pour moi. J’en ai puisé ce goût pour le travail des mots, de leur matière. L’impératif du style.

Victoire, votre dernier livre, met en scène un trio de personnages réunis par le magnétisme d’une passion dévorante, exclusive, faisant lentement perdre pied à celle qui la vit, une femme d’âge mûr. Cet état d’âme dont tentent de nous préserver les philosophes depuis des siècles n’est donc pas seulement l’apanage des années naïves de l’adolescence?
Là c’est le médecin qui vous parle: vivre sans désir, sans une flamme intérieure, cela s’appelle la dépression! Plus sérieusement, je pense que ce sentiment de la passion, qu’elle soit d’amour ou d’amitié, peut frapper à n’importe quel moment de votre vie. Malheureusement tout le monde n’a pas l’opportunité de vivre une telle chose. C’est une expérience extraordinaire.

Dans votre roman, vous évoquez une très belle image, celui du concept de «l’empreinte» qui réside en chacun de nous, attendant d’être comblée par cet autre qui en serait l’exact positif. D’où surgit tout à coup la passion. En quoi consiste-t-elle?
Je pense que cette empreinte est déjà là en partie, lors de notre naissance, comme la preuve qu’une totale correspondance d’âme sera possible avec certaines personnes. Néanmoins c’est notre vécu personnel qui la façonne de manière bien plus singulière, nos expériences vitales éprouvées pendant l’enfance et même après. Je dirais qu’avec l’âge, elle gagne en complexité et les possibilités de correspondance avec l’autre sont beaucoup plus rares, ce qui explique qu’il est plus facile de succomber à la passion lorsqu’on a vingt ans, puisque cette empreinte est encore vague, malléable, que lorsqu’on en a soixante, où elle est très élaborée.

Qui dit passion amoureuse… dit aussi possession. Un sentiment pas toujours très noble.
Oui, il y a toujours l’appropriation d’une partie de l’autre, la construction de quelque chose de lui en dehors de son corps. Mais celui-ci n’en ressent aucune gêne. On ne lui ôte absolument rien. Même si on ressort rarement indemne quand on est l’objet d’un tel sentiment, on ne peut qu’en acquérir une meilleure connaissance de soi, à l’image de mon personnage qui devient encore plus talentueux et confiant après avoir été désiré en vain par Louise. Et puis celui qui lit, celui qui écrit même, finit par être possédé, lui aussi, par les personnages, qui se mettent à dicter leur conduite, deviennent presque indépendants de la volonté de l’écrivain.

Qu’est-ce que la passion permet, selon vous, d’apprendre sur nous-mêmes? Que nous lègue-t-elle?
Elle peut nous apporter des enseignements sur nous-mêmes si nous décidons, ou arrivons, de vivre avec. Il faut passer par une sorte d’acceptation, à l’inverse du comportement naturel qui voudrait qu’on cherche à s’en débarrasser, à la détruire parce qu’on ne veut plus subir son poids. En vérité la passion nous apprend que le moment vécu n’a pas de sens! Si l’on renonce à cette nécessité d’assouvissement, l’immédiat dans sa proximité et sa nudité nous montre cependant un chemin à suivre.

C’est ce que choisi justement de faire Louise, votre personnage pourtant si violemment amoureuse de Pierre, en s’exilant aux îles Orcades et en allant reconstruire un nouvel espace pour son désir, plus intime, mieux adapté à ses émotions.
En effet, en face de l’être aimé qui se refuse, le désir de cette femme vit dorénavant pour lui-même, n’attendant plus rien, un peu comme une substance vitale. J’ai utilisé le symbole des cathédrales pour illustrer cet espace architecturé de la passion. Ne sont-elles pas l’unes des plus puissantes manifestations du désir dans le monde occidental? Déambulant d’abord dans celle de Rouen ou de Beauvais, immenses, démesurées, abyssales, Louise va préférer celle de la capitale des Orcades, plus modeste, où elle trouvera finalement une place pour son amour, lui qui est peut-être définitivement arraché à son objet. Cette façon de concevoir les choses, j’en suis persuadée, est l’unique survie possible pour le désir.

Publié dans les Quotidiennes, le 16 octobre 2009

jeudi 15 octobre 2009

Paris est un roman

Paris est un roman... le titre est d'Alain Paucard. Pour Balzac, la ville aux cent mille romands. Pour Thierry Paquot, éditeur de la revue Urbanisme et membre du Laboratoire des organisations urbaines, Paris possède une épaisseur de mystère telle que le romancier est obligé de s'y perdre...


La suite en DOC.

Tribune libre de Barbara Polla
Paris est un roman


Paris est un roman… le titre est d’Alain Paucard. Pour Balzac, la ville aux cent mille romans. Pour Thierry Paquot, éditeur de la revue Urbanisme et membre du Laboratoire des organisations urbaines, Paris possède une épaisseur de mystère telle, que le romancier est obligé de s'y perdre…
Oui, comment ne pas écrire sur Paris, comment ne pas aller à Paris, comment ne pas vivre à Paris ? Paris printemps, Paris automne… Pour moi, presqu’une nécessité. Paris, laboratoire de vie, labyrinthe d’inspiration, lieu sans géographie où l’on trouve les ingrédients nécessaires pour tenter de forger un sens à l’existence. Le sens du centre, contraint par la banlieue qui encercle la ville.
Les guides de Paris sont légion. Ils nous racontent tout : les musées insolites, les restaurants, les caves, les jardins, les pierres, les hôtels, les balcons, le shopping, le luxe très cher et le luxe pas cher, les fontaines et les galeries… moi, j’aime surtout les librairies.
Il en est une, unique, dans le Marais, qui vient d’ailleurs de publier un guide de rêve, qui parle notamment des bookshops… Guide Paris est son nom. Le bookshop, c’est Ofr. Ofr ? Zéro franc : yes free, detached, and generous nous dit le guide. Chaque semaine une soirée réunit sur le trottoir de la rue du petit Thouars ce que le Marais a de plus pointu et de plus amoureux de la vie. Comme Alexandre, le frère de Marie. Marie et Alexandre : les fondateurs d’Ofr, son âme en duo. Alexandre rentre de New York, « ville d'hyponcondriaques, tout le monde y parle de ses petis bobos, tout le monde est "So sorry", que de stressés.... A leurs cotés la beauté européenne jaillit, quelle sensualité, quel amour, quelle disponibilité, quelle simplicité, quelle civilité, quelle tendresse… »
A la librairie de l’Age d’Homme, les rencontres n’ont pas lieu sur le trottoir, mais en sous-sol. Les mercredis de la rue Férou sont prisés des férus de littérature, de poussière, de piles de livres chancelantes, de Balkans et parfois de slibovitz. Pour Paucard, si Paris est un roman, l’Age d’Homme en est un autre : « Au 5, rue Férou, c’est, depuis 1982, la librairie de l’Age d’Homme, ce lieu magique, sur deux niveaux de rez de chaussée et de sous-sol, où l’édition, la librairie et les auteurs se côtoient, s’interpénètrent, fusionnent, non pas dans le désordre de l’art, mais dans un ordre reflet de la conscience qui unit ces résistants. A force de descendre la rue Férou pour aller à l’Age d’Homme, j’ai fini par considérer que la rue Férou est nôtre - une porte ouverte sur un véritable avenir. »
Une troisième adresse, la Librairie Artcurial. Très belle, très chic, installée dans un ancien hôtel particulier tout près du Grand Palais – vous pourriez hésiter à entrer – mais non, n’hésitez pas, vous y trouverez 18 000 références de l’art du 20e siècle, une aubaine au moment de la semaine d’art, quand la FIAC et Show Off sont tout près. Il y a même un rayon « livres épuisés », un luxe qui vous évitera eBay ! Et c’est ici aussi que s’est réuni en mars le jury du Prix Marcel Duchamp et qu’ont été nommés les papables 2009, Saâdane Afif, Damien Deroubaix, Nicolas Moulin et Philippe Perrot. Le nom du lauréat sera connu le 24 octobre prochain. Paris, un roman d’art, aussi !

Oui mais Paris, est-ce toujours art, lumière, roman et merveilles ?
Bien sûr que non. Il y a notamment à Paris une importante population de SDF. Alexandra Meynier, étudiante à la Haute Ecole d’Art et de Design à Genève, est allée à leur rencontre, dans le cadre d’un projet de recherche visant à comprendre quelle serait, pour eux, la ville idéale. Ceux que nous avons rencontré ensemble, au Champ de Mars, aiment Paris autant que moi, pour ses réseaux en particulier. Facile, à Paris, bien plus qu’à Londres par exemple, de trouver des vêtements ou de la nourriture. Le groupe est vite solidaire et les réseaux de bénévoles bien constitués. Mais pour dormir, non, définitivement, ils préfèrent les bancs, les parcs, à tout hébergement « social ». Dans le parc, « there’s everything you need », nous dit Edward. Edward qui vivait à Glasgow et qui un jour, considérant sa vie, s’est dit : « si je ne change rien, je vais passer le reste de ma vie devant la télévision ». Il est parti. Barcelone, Nice, Paris enfin, à pied. Il vit d’argent trouvé : « tant de gens perdent des pièces et ne se préoccupent pas de les retrouver ». SDF : un rôle, une vie, que Edward a choisis ? « You get used to it. »
« Je suis devenu un observateur de la vie, » dit-il encore.
Presque un romancier. Pas un naufragé en tous cas.
Mais ils sont là aussi, les naufragés de la vie, à Paris comme ailleurs. Paris n’est pas un roman.


Libre livre : Patrick Declerck, Les naufragés.
Avec les clochards de Paris (2002).


Patrick Declerck, psychanalyste, docteur en anthropologie, a suivi la population des clochards de Paris, durant plus de quinze ans, dans la rue, dans les gares, au Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre. Le livre commence par une plongée en immersion : le psychanalyste se mêle aux clochards, non pas comme thérapeute, mais comme l’un d’entre eux. La trouille au ventre. « Qui sont-ils, ces êtres étranges aux visages ravagés ? Ces exilés qui nous côtoient, qui dérangent notre regard et suscitent nos fantasmes ? On parle de choix. La réalité est autre. »

Aucune complaisance chez Declerck, ni du côté de la détresse humaine, ni du côté de l’histoire racontée. Clinique, critique, athée et nietzschéen, il raconte une réalité qu’il est bon de connaître. Parce qu’elle est réalité. « J’ai suivi les clochards dans la rue, je les ai côtoyés ivres, vociférant ou comateux d’alcool, hagards de rage et d’impuissance. Je les ai vus obscènes, incontinents, effondrés, braguette ouverte… Je pense en avoir soulagé plusieurs. Je sais n’en avoir guéri aucun. »
Pendant toutes ces années, il n’a observé aucun cas de réinsertion, de re-socialisation durable. Selon lui, la pathologie psychiatrique des clochards s’ancre sur une souffrance si forte qu’elle vide le sujet de lui-même. La clinique des clochards est une litanie d’épanchements métaphoriques et littéraux – logorrhées et diarrhées – et d’actes manqués qui conduisent le sujet à s’autodétruire régulièrement. Selon Vincent Denis, que je rejoins, le livre ne cherche pas à éviter la crudité – ici, l’autre nom de la vérité – de ceux que nous ne voulons pas voir, sans pour autant tomber dans les travers louches du voyeurisme. Nous lecteurs en sortons ébranlés, comme après toute exploration des limites humaines, alors que l’engagement à la fois personnel et intellectuel de l’auteur nous conduit à des questionnements rarement abordés à propos des clochards et des exclus et de notre relation à eux, dominée par la peur et le rejet.

En conclusion, Patrick Declerck nous indique quelques pistes avec la plus grande modestie,: « Révérons les fous. Ils ont osé plus que nous. Sachons veiller sur ces splendeurs détruites que nous avons l’honneur de soigner. » Tout au long du livre, cette ambiguïté fondamentale nous touche au plus profond : l’admiration de Declerck pour ces épaves humaines, pour la dignité farouche qui est la leur, envers et contre tout.
Peut-être que ce livre ne pouvait s’écrire qu’à Paris, parce qu’il n’est qu’en France que la sensibilité sociale est autant « pensée ».


Publié dans l'Extension, édition d'Octobre 2009.

mercredi 14 octobre 2009

Il était un jour la liberté. Il sera un jour le développement.

La liberté ne se définit pas dans l’absolu. Elle se définit dans la bataille. Les femmes et les hommes qui aspirent à la liberté doivent se battre : il n’est pas d’autre chemin.
D’ailleurs, c’est ce chemin que prit la mère de Laszlo Magas. Elle chercha à fuir le totalitarisme soviétique et donc la Hongrie, son pays, en 1949 déjà, avec son fils. Mais elle se fit arrêter, tout près de là où aura lieu, quarante ans plus tard, le Pique-Nique Paneuropéen. La mère est arrêtée, donc, et mise en prison – une prison qui existe toujours, à la sortie de Sopron. Libérée en 1956, elle part très vite au Venezuela (l’accalmie ne durera que quelques jours), avec un groupe d’émigrés. Avec cette histoire en tête, on comprend pourquoi, devenu un homme, Laszlo Magas entre dans l’opposition au régime communiste ou, plus précisément, aux soviets et comment, au moment crucial de l’été 1989, il imagine, avant les autres, que le rideau de fer d’ores et déjà fissuré pourrait être déchiré, au propre comme au figuré. Pour ce faire, Laszlo Magas organise, avec d’autres opposants, sur le thème de « Baue ab und nimm mit » - Détruis et emporte, le rideau de fer donc - le pique nique le plus fréquenté de l’Histoire. Il semble bien qu’ils étaient plus de dix mille.
Il faut remettre le pique-nique dans le contexte de la Hongrie de 1989 : le rideau de fer devenu obsolète, à la fois conceptuellement, politiquement et techniquement, la Hongrie commence à le détrictoter au printemps 1989 déjà. Mais à Sopron, à la frontière avec l’Autriche, il tient toujours. Le pique-nique paneuropéen avait pour but symbolique de transformer le rideau de fer en souvenir collectif. Objectif initial concret : ouvrir la frontière entre la Hongrie et l’Autriche. Mais le résultat ira beaucoup plus loin.
A Sopron toujours, dans la même rue que Magas, habitait un autre homme, Arpad Bella, commandant des garde-frontières. Les deux hommes se connaissaient de vue, mais ne se parlaient pas : le très consciencieux commandant des garde-frontières qu’est Bella ne saurait parler à un homme de l’opposition. Aujourd’hui pourtant, ils partagent la même fierté modeste et le même attachement au souvenir de cette journée unique dans leur vie : le 19 août 1989.
Il était un jour, l’humanité aussi. Bella a lui aussi son histoire toute personnelle : une femme d’origine allemande, des beaux-parents allemands ; grâce à Oma et Opa, le bilinguisme pour ses enfants. « Les choses ne viennent pas de rien, dit-il. Elles viennent de l’enfance, de l’éducation, des expériences et des visions… Le multilinguisme et le multiculturalisme qui lui était associé -hongrois, allemand, croate - à Sopron, a baigné mon enfance. »
Le jour du pique-nique, Bella est responsable de la frontière. Responsable aussi de ses cinq hommes. Les consignes n’ont pas encore changé : on laisse passer les Hongrois et les Autrichiens, on tire sur les Allemands. On ne les attendait pas d’ailleurs, ce jour-là, mais ils arrivent par vagues, par dizaines, par centaines, pour s’infiltrer dans la brèche. Comme le dit si bien Bella, « On se peut pas gérer une foule en panique. ». D’un calme apparent parfait, extrêmement inquiet à l’intérieur de lui-même, le commandant se refuse à verser le sang. Il trouve une parade, bien plus intelligente qu’une opposition de front. Il donne l’ordre à ses hommes de tourner le dos à la frontière hongroise et de ne contrôler que les gens qui viennent d’Autriche pour entrer en Hongrie. Avec l’idée que ses hommes ne sauraient être rendus responsables de ce qu’ils ne voyaient pas, de ce qui se passait dans leur dos.
Plus de six cent Allemands sont passés ainsi en terre autrichienne. Un photographe inspiré qui avait décidé de se mettre du côté autrichien a récolté des portraits d’hommes, de femmes et d’enfants en liesse et en larmes. Cet événement a contribué à la chute du mur à Berlin et a représenté un symbole si fort qu’il a fait dire au chancelier Kohl, en substance, que le sol sur lequel reposait la porte de Brandebourg était hongrois.
La vivacité du souvenir, cependant, reflète aussi l’absence d’un présent aimé. « La Hongrie n’a pas su tirer bénéfice de la liberté. La démocratie, ce n’est pas la même chose que le marché… » regrette Arpad Bella. La Hongrie n’a encore avoir trouvé son développement économique propre, assumé ; terre essentiellement rurale, elle semble colonisée par un capitalisme occidental qui lui reste comme étranger, concentré dans les bordures des villes et des autoroutes : Mac Donalds, Volkswagen, et autres Best Western ont pris la main. Mais derrière, dans la campagne comme dans le coeur des villes de province et dans celui des intellectuels, la Hongrie séculaire garde ses droits, comme si le pays n’avait pas encore trouvé la voie pour conjuguer le passé au futur. La dichotomie palpable entre développement économique exogène et culture endogène semble bien couper les ailes à un développement harmonieux du pays, intégrant démocratie, culture et économie. Les Hongrois, désespérés une fois de plus de ne pas maîtriser entièrement leur destin, en sont convaincus : ils ont échoué et n’ont pas encore su concrétiser les rêves de l’ouverture.
Le cinéaste hongro-américain Karchi Perlmann, primé à l’étranger pour son court métrage Vacsora, qui met en scène une inversion de la relation entre hommes et cochons (et si c’était les cochons, désormais, qui mangaient les hommes ?), reste méconnu dans son propre pays, dont il critique notamment le fossé immense qui sépare le monde rural du monde politique. Même si le 19 août 1989, la liberté a gagné une bataille, une autre servitude menace les Hongrois : celle de la dépendance économique à un modèle qui n’est pas le leur. La bataille d’un développement qui leur appartienne en propre reste, ainsi, à initier. Mais pour cela, il faudra, comme le souligne Perlmann, qu’ils intègrent leur monde rural et qu’ils accompagnent le développement de leur marché par leur propre culture, comme espérait le faire Georges Soros quand il a créé à Budapest l’Université de l’Europe centrale. Les Hongrois savent qu’ils doivent reprendre la main. Qu’ils se souviennent de 1989, non plus avec nostalgie, mais avec la conscience que les hommes apparemment les plus anodins peuvent aussi changer le monde. Le leur, en particulier, en modelant son développement de l’intérieur. Pour ce faire, il n’est d’autre chemin que la lutte. Certes, l’âme hongroise a ce talent unique, de transformer le désespoir en élégance grâce à l’ironie. Mais aujourd’hui, il faut de l’action à la Hongrie, plus que de l’ironie. Pour que les cochons ne mangent pas les hommes.

Radio Trabant, sur rsr.ch

Publié dans l'AGEFI, le 14 octobre 2009



Bratislava, la jungle de béton


Une fois passé Hegyeshalom, le symbole de l’ouverture devenu le symbole de rien du tout, on arrive bientôt en Slovaquie. Après la Hongrie et la douceur de ses paysages, la civilité de ses habitants, on a l’impression d’arriver dans un lieu riche et chaotique, en pleine évolution – une évolution vers quoi ? Bratislava semble traversée de part en part d’autoroutes, comme éventrée par les axes routiers, incompréhensible, dominée par son château immaculé en pleine restauration qui paraît aussi anachronique que la vielle ville, elle aussi parfaitement restaurée et qui donne l’impression étouffante d’un musée de province obsolète, alors que la vie est ailleurs, sur les autoroutes, dans ces hôtels impersonnels importés tels quels, et dans la jungle de béton…

La jungle de béton : la description parfaite qui m’a été donnée de Bratislava, quelques jours après mon retour, au défilé parisien de Kris Van Assche : je bavarde back-stage avec Teriza, l’une des personnalités qui défilent pour Kris – oui des personnalités, bien plus que des mannequins. Teriza qui me parle de sa ville : « j’aime Bratislava, j’aime mon pays, mais je crois que ceux qui viennent d’ailleurs ne peuvent pas comprendre… parce que c’est une jungle de béton. Moi je veux finir mes études, c’est très important pour moi, je retourne à Bratislava après les défilés… et puis je verrai. »

Autrefois, Bratislava fut Presbourg, la capitale de couronnement de la Hongrie de 1536 à 1784, lorsque Budapest fut occupée par les Ottomans. A Paris, la rue de Presbourg, dans le 16ème arrondissement, célèbre d’ailleurs la Paix de Presbourg … mais rien de Bratislava ici dans le 16ème. Rien de Bratislava non plus dans les propos de l’écrivain suisse William Ritter, originaire de la Chaux-de-Fonds, publié par l’Age d’Homme bien sûr, et qui affirmait qu’ « être Slovaque est considéré par les Slovaques comme un grand honneur et un grand bonheur, et par ceux qui ne le sont pas comme une chance et un privilège... »

Chance et privilège, je ne sais pas vraiment, mais en tous, cas, il me reste une curiosité vive au coin de l’âme : retourner à Bratislava, vite, pour voir, pour essayer de comprendre encore, au bord du bleu Danube qui semble s’écouler comme étranger lui aussi, retourner dans cette jungle de béton qui grouille de vie, avec Teriza comme guide à travers ce monde multilingue, multiculturel, paneuropéen dans lequel il s’agit, sans passéisme, de créer aujourd’hui la culture de demain !


Radio Trabant sur rsr.ch

Publié dans les Quotidiennes, le 14 octobre 2009

mardi 13 octobre 2009

Le silence des éoliennes

Après le pique-nique paneuropéen du 19 août 1989, près de Sopron, au cours duquel plus de 10.000 personnes auront fêté l’ouverture du rideau de fer et la déferlante de la liberté, le 12 octobre, la frontière austro-hongroise s’ouvrait définitivement, à Hegyeshlaom. On raconte que dès ce jour là, de longues files de Trabant passaient d’un côté à l’autre de ce lieu alors mythique, avec des frigos hissés sur les toits des petites voitures au design de Bauhaus…

L’ouverture des frontières signait la liberté, le frigo l’accès à l’occident, et Hegeyshalom passait du lieu du contrôle absolu à celui de la célébration.
Vingt ans plus tard, Hegeyshalom apparaît non plus comme symbole d’ouverture mais comme symbole de la déréliction. Le lieu est abandonné à lui-même et d’une grande saleté : il semble bien que plus personne ici ne vide les poubelles ni ne déplace les voitures à l’abandon.

Au-dessus de l’horizon, les éoliennes tournent en silence, et l’élégance de la danse de ces ballerines qui de loin semble s’enlacer, s’embrasser, s’entrelacer, ne fait que rajouter à la désolation du lieu. La question qui se pose ici, comme dans d’autres régions de ces pays de l’est à l’honneur aujourd’hui, n’est plus tant celle de la liberté que celle du développement. Du développement individuel comme du développement économique. Les deux semblent ici plus que jamais liés.

Faute de prendre à bras le corps leur propre développement et de le laisser entre les mains des pays occidentaux - avec l’Allemagne aux premières loges, notamment pour les éoliennes – on peut craindre que l’aliénation économique remplace progressivement l’aliénation politique qui prit fin, il y a vingt ans environ. Mais la liberté ne se gagne pas en silence, le développement autonome non plus !


Radio Trabant sur rsr.ch


Publié dans les Quotidiennes, le 13 octobre 2009

Passion Polla


Publié dans l'Hebdo, du 13 octobre 2009.

mardi 6 octobre 2009

La vie les yeux ouverts

De Larry Sultan on pourrait dire qu’il a « réussi » : n’est-il pas reconnu dans le monde de la photographie comme dans celui des galeries, auteur de livres singuliers, professeur admiré des ses élèves du California College of the Arts. Mais Larry Sultan, lui, préfère ses paradis perdus à celui de la soi-disant réussite, ces paradis dans lequel il a grandi et qu’il n’a jamais voulu quitter, occupé à scruter sans répit la vie elle-même derrière le mythe de cette Californie jardin d’Eden, nouvelle Méditerrannée, « american dream come true ». Seul le travail peut consoler - et encore - le jeune homme que Sultan est resté de l’humiliation du monde qui transparaît dans toutes ses images, au point qu’elle finit par en devenir la substance même. Chaque clic soulève un peu plus le voile sur les réalité familiales, sur celles de la Californie, sur l’irrémédiable déclin. Mais ce que découvre Sultan en photographiant ne le conduit jamais à détourner son regard - ni le nôtre - bien au contraire, ce qui apparaît sous le voile confirme notre fascination partagée pour cette nausée doucereuse de la réalité déguisée en beauté.

Remarquable, entre autres, la capacité de Sultan à tisser ses références multiples, littéraires, bibliques, cinématographiques, familiales, et sa conscience de l’actualité sociopolitique, au creux d’histoires riches de détails et de la texture du présent. La tension est constante entre les mythes et les faits. Remarquable aussi sa capacité à produire des images séduisantes – bien au-delà du raisonnable. Remarquable encore, l’usage de la couleur comme grande réconciliatrice. Remarquable enfin, la prise de risque : Sultan, photographe, auteur, artiste, s’engage les yeux ouverts dans les territoires interdits de la pornographie, du vieillissement, de l’humiliation, des mythes défaits des banlieues californiennes, de l’amour malgré tout de cette famille qui lui permet d’explorer sans jamais arriver à satiété, son enfance, ses propres obsessions, sa sexualité adolescente en contrepoint de la violence des scènes familiales dans la cuisine de la maison : Pictures from home, artéfacts d’un paradis illusoire de pelouse de golf et tapisserie fleurie. Manipulateur sans scrupule de la réalité poignante des autres qui deviennent ses acteurs consentants malgré eux, mais toujours respectueux et fidèle à son propre imaginaire qu’il continue avec acharnement d’essayer de cerner, Sultan nous livre la déréliction humaine comme des marguerites jaunes dans un vase somptuaire. Plus nue la fragilité, plus éclatante la servilité, plus solitaire la dérive : plus belle sera la lumière. Parce que la vraie vie est perméable à la lumière. Les yeux ouverts, au plus vite, Sultan nous transmet, dans la joie de pouvoir voir, des images, encore, encore, encore avant la nuit.


Barbara Polla et Stephen Vincent


Publié dans Crash, Octobre 2009

jeudi 1 octobre 2009

Invitation...

Le 1er octobre, dès 17h, et jusqu’à 20h, mes amis Ornela Vorpsi et Yann Apperry et moi-même vous attendons à la Librairie du Rameau d'Or (Boulevard George Favon, Genève) pour une séance de signatures.

Ornela Vorpsi dédicacera Le Pays où l'on ne meurt jamais (prix Grinzane Cavour) et Tessons roses (Ed. Actes Sud)

Yann Apperry dédicacera Diabolus in Musica (prix Medicis), Farrago (prix Goncourt des lycéens) et Terre Sans Maître (Ed. Grasset)

Et moi-même mon dernier roman, Victoire, l'histoire d'une passion, avec une préface de Yann Apperry et une photographie de Ornela Vorpsi en couverture... (Ed. L’Âge d’Homme)

Après la dédicace, dès 20h, à la Galerie Analix Forever, 25 rue de l’Arquebuse, accrochage de photographies de Ornela Vorpsi, et présentation nocturne de l'exposition de vidéos, Retroprospective, de Ali Kazma.