lundi 30 novembre 2009

Mémoire(s) trace et projection contemporaine - La bonne nouvelle

La vie et ses cycles : la nature et la culture, la naissance et le sexe, la révolution et l’artiste, etc. Ces dialectiques imprègnent profondément la Bonne Nouvelle, dans la lignée des grandes commandes artistiques qui ont pu jalonner, notamment, l’histoire de l’art italien. Andrea Mastrovito, italien de Bergame, nous offre la preuve, une nouvelle fois, de sa grande culture artistique et de son profond humanisme.

Tout d’abord, la nature. Le Centre d’Art contemporain de Lacoux : lieu idéal pour accueillir l’installation de l’Encyclopédie des fleurs de jardin… A première vue, il s’agit de parterres de fleurs à l’italienne ou à la française. Une observation plus attentive permet de voir qu’il s’agit en réalité d’une illusion d’optique. Un amoncellement d’encyclopédies de botanique, ouvertes, dont Mastrovito a soigneusement découpé le contour des fleurs photographiées pour les rendre protagonistes de ces parterres de livres… Alliance de la culture et de la nature, ces pièces répondent au cadre scolaire et bucolique de Lacoux. Mastrovito a le pouvoir de faire pousser des fleurs de papier à l’intérieur d’une ancienne école : voilà en soi une Bonne Nouvelle !

Dans l’installation My Birthday, faite de light boxes, la silhouette de l’artiste, dans la nuit, pointe son revolver vers le ciel qu’il troue des constellations, celles de la nuit de sa naissance : essence de la création, métaphore de la semence. A l’image des grands commanditaires de la Renaissance qui faisaient illustrer par des artistes de renom leur ciel astral, Andrea Mastrovito convoque la cosmogonie pour My Birthday, pour cet acte fondateur qui préside à La Bonne Nouvelle de Lacoux.

Cette exposition clôt un cycle dans le travail de Mastrovito. Nombreuses en effet sont les œuvres qui ont trait à l’acte même de la création, et en premier lieu l’autoportrait, pratique chère à l’art italien. La vidéo Robespierre souligne le rôle de l’artiste qui, tel le révolutionnaire, permet à la société de germer à nouveau, de partir sur de nouvelles bases. Au prix de l’oubli de l’artiste, celui qui casse son crayon et disparaît au terme de la vidéo. Par rapport à l’acte créateur, on songe aussi à ces séries de dessins, qui résultent d’un processus similaire à celui du personnage de la vidéo : un seul trait, réalisé à main levée et la figure s’incarne. Des dessins érotiques viennent rappeler que l’amour est aussi, en soi, une très Bonne Nouvelle.

Mais pas toujours. Un baiser long comme le temps qui nous sépare représente l’artiste, assis dans la nature, sous le regard de sa dulcinée, délicatement perchée sur une branche. Ode à l’amour champêtre ou chanson de geste soulignant la distance entre les êtres et l’ambiguïté de leurs sentiments ? La différence ne semble tenir qu’à quelques feuilles, papiers de couleurs, photocopies, découpages et collages. Ou quand la femme aimée est bel et bien « photocopiée »… La Bonne Nouvelle, alors, peut aussi nous échapper.

Andrea Mastrovito sera présent en août 2009 à Genève avec l’installation Climat poétique, présentée dans la Cour de l’Hôtel de Ville, à l’invitation du Conseil d’Etat de la République et canton de Genève. Il participera ensuite à l’exposition Slash : Paper Under the Knife qui se tiendra au Madmuseum à New York du 7 octobre 2009 au 4 avril 2010, aux côtés d’Olafur Eliasson, Kara Walker ou encore Tom Friedman.

Barbara Polla, galeriste (Analix Forever), Ecrivain
Marylène Malbert, coordinatrice de la galerie Analix Forever, historienne de l'Art

jeudi 26 novembre 2009

Hommage à la critique

Peut-on dire qu’une pièce – une pièce de théâtre, une œuvre d’art - est nulle ? Sous ce titre provocateur, Jacques Magnol, de Genève Active a organisé et modéré, le 17 novembre, un débat portant sur les processus d'évaluation du geste artistique, débat auquel participaient, entre autres, Jean-Pierre Greff, directeur de la HEAD à Genève, Virginie Keller, cheffe du service culturel de la Ville de Genève, et Gabriel de Montmollin, directeur des Editions Labor & Fides. Le concept de « pertinence culturelle » fut développé notamment par Virginie Keller, expliquant avec beaucoup de clarté et de compétence la manière de fonctionner des institutions culturelles de la Ville de Genève, et par Gabriel de Montmollin, soulignant lui aussi l’importance de cette « pertinence culturelle », mais aussi historique, dans ses choix et son travail d’éditeur.


Jean-Pierre Greff, lui, après avoir rendu compte du fait qu’il n’est pas d’œuvre nulle en-dehors du plagiat ou de l’imposture absolus, a souligné le rôle essentiel de la critique dans l’évaluation, dans une vision de coexistence de l’œuvre et de la critique. « La critique ‘informe’ ; elle contribue donc à donner forme à l’oeuvre. » Un point de vue que tous ceux qui écrivent sur les œuvres ne pourront bien sûr que partager…


En reconnaissant cependant, qu’au bout du compte, la seule manière aujourd’hui d’évaluer les œuvres, c’est de les regarder et d’essayer de les comprendre. Et c’est là que les critiques ont bien des longueurs d’avance, eux dont c’est le métier, justement, de regarder, et qui passent un temps infini à essayer de comprendre. Longtemps, longtemps avant de critiquer. Revaloriser la critique, main dans la main avec la création et non pas contre elle, voilà une mission que les institutions ne devraient pas oublier. Pour une critique qui fasse vivre l’œuvre qui fait vivre la critique.


Publié dans les Quotidiennes, le 26 novembre 2009

lundi 23 novembre 2009

Le métier de vivre

Tribune libre

Parler du suicide dans Extension ? Est-ce vraiment adéquat, dans ce magazine d’ouverture et d’esprit positif ? Peut-être que oui, car Extension parle aussi de vie et de santé. Extension parle d’entreprises, et ne saurait être indifférent aux suicides liés au travail, ou à sa perte. En Suisse, 1000 hommes et 400 femmes se suicident chaque année, ce qui représente quatre décès par jour, soit un taux de suicide de 19,1 pour 100’000 habitants.
En 2000, davantage de personnes sont décédées en Suisse par suicide (1378) que par accident de la route (604), consommation de drogue (205) et sida (135) réunis. Selon le rapport de l'Office fédéral de la santé publique, 10% de la population suisse commettent une ou plusieurs tentatives de suicide au cours de leur existence.
Ces chiffres placent la Suisse parmi les pays présentant un taux de suicide supérieur à la moyenne, derrière la Russie, la Hongrie, la Slovénie, la Finlande et la Croatie. Ils correspondent à ceux relevés en Autriche, en Belgique et en France. En France, le suicide des adolescents, en particulier, constitue la deuxième cause de mortalité entre 15 et 24 ans, après les accidents de la route.
Bien sûr, on peut arguer, face au suicide, qu’il représente l’ultime liberté, l’ultime choix de l’homme libre : celui de refuser de vivre. C’est ce que semble nous dire des intellectuels, des écrivains comme Cesare Pavese par exemple, dans Le Métier de Vivre. Un dur métier. Mais si intellectuellement je puis comprendre ce concept et adhérer à cette idée, je ne puis par contre l’éprouver : ni la ressentir, ni la mettre à l’épreuve. Depuis toujours, en amoureuse inconditionnelle de la vie, je suis fascinée par sa puissance et sa fragilité combinées – et surtout, par son unicité. Et dans ma vie de médecin, d’accompagnatrice aussi, de fins de vie, il m’a toujours semblé que le bien le plus précieux – en l’occurrence, peut-être, au delà même de cette liberté qui m’est pourtant si chère et qui définit l’ être humain – était la vie elle-même.
Aurais-je ainsi trouvé une limite à la liberté, outre le respect de celle de l’autre ? Si le choix du suicide peut être une liberté, il ne l’est que dans l’instant. Or notre humanité – notre liberté donc – nous l’exerçons dans la durée de l’existence qui nous est donnée, cette durée déployée devant nous. La mort est au bout et fait évidemment partie de la vie et est d’ailleurs, tout comme le silence l’est à la musique, indispensable à la définition même de l’existence. Mais une fois atteinte, elle ne permet plus à la liberté humaine de s’exprimer, cette liberté modeste qui se niche dans chacun de nos gestes, de nos paroles, de nos choix quotidiens, si minimes fussent-ils. Je pense souvent, à cette amie qui a fait le choix, elle, de se jeter d’un cinquième étage. A la durée infinie qui s’est écoulée, pendant laquelle elle a peut-être désiré mille fois interrompre le cours du temps et revenir à ce moment antécédent où elle avait encore le choix.
Une chose est certaine en tous cas : la liberté, ma liberté future, celle de l’instant suivant, je ne puis l’exercer que si je suis en vie. Le respect de la liberté semble alors exiger de laisser le choix de sa propre fin - la fin de la liberté - à la vie elle-même. La vie comme cadre dans lequel cette valeur fondamentale qui nous rend humains, à savoir la liberté sous toutes ses formes, parole, action, création, et la liberté de penser avant tout – peut encore s’exercer.
Il faut aussi rappeler que le sens des conduites suicidaires n’est jamais univoque et en souligner l’ambivalence. Volonté de mourir ou volonté de changer sa vie ? Agressivité, volonté destructrice, fonction de fuite, fonction d’appel, fonction ordalique… tous ces aspects doivent être pris en compte dans l’analyse de situations telle que celle de France Telecom aujourd’hui.
Chez les adolescents, il s’agit probablement le plus souvent de volonté de changer leur vie. Ils n’aiment pas leur vie, ils en veulent une autre, ils ne voient pas ou ne veulent pas voir que cette « autre vie » à laquelle ils aspirent est à portée de main, à portée de choix, et il leur semble alors que pour changer de vie, mettre fin à la leur est le meilleur moyen. Chez les personnes âgées – le suicide augmente avec l’âge – les questions semblent se poser de manière similaire : comment changer de vie ? Et dans les deux cas, chez les adolescents comme chez les personnes âgées, cette question rémanente, lancinante, parfois déchirante – à quoi sert ma vie ?
Ma réponse : à rien - et à tout ce que je veux bien en faire. Alors nous tous qui avons le privilège d’une part de vivre, et d’autre part de vivre dans un pays dont tous se plaisent à reconnaître et souligner la qualité de vie, vivons ! Apprenons chaque jour le métier de vivre et travaillons, en toute liberté et en toute sérénité…

Libres livres
Le Métier de Vivre de Cesare Pavese ; Anna la nuit de José Alvarez

Le Métier de Vivre de Cesare Pavese
Journal intime d’un écrivain d’exception, trop peu connu encore, pourtant magnifiquement traduit et édité par Gallimard… une plume qui allie sobriété et élégance et qui trace le chemin émouvant d’un nouveau romantisme éclairé, quand les sentiments transparaissent en retenue sous les mots. lisez La Plage et la Lune et les Feux. Pavese qui sait tout écrire, philosophie, romans, poésie… Verra la morte e avra i tuoi occhi
Le 9 novembre 1937, dans Le Métier de Vivre :
« Est-ce qu'elle ne devra pas me surprendre, par un quelconque matin de brume et de soleil, la pensée que tout ce que j'ai eu a été un don, un grand don? Que, du néant de mes ancêtres, de cet hostile néant, je suis pourtant issu et j'ai grandi tout seul, avec toutes mes lâchetés et mes gloires et, à grand-peine, échappant à toutes sortes de dangers, je suis arrivé à aujourd'hui, robuste et concret, la rencontrant elle seule, autre miracle du néant et du hasard? Et que tout ce que j'ai goûté et souffert avec elle n'a été qu'un don, un grand don? »
Le don de l’écriture, en tous cas…
Un don que l’on retrouve dans un récit – devenu un roman en cours d’écriture – qui vient de sortir chez Grasset : Anna la nuit, de José Alvarez. José Alvarez, l’homme qui a fait les Editions du Regard. Quand on écrit aussi, on a parfois le privilège de le rencontrer, dans son magnifique bureau – ou mieux dit, lieu de vie - ou œuvres d’art côtoient livres sur l’art. Après avoir tant édité les autres, José Alvarez, dans ce moment dont Roland Barthes dit qu’il est le milieu de la vie - le moment du roman - ressent le besoin d’écrire, lui aussi. Anna la nuit pose, entre autres, cette question : combien de temps parvient-on à retenir la femme qu’on aime, quand elle n’aspire qu’a la nuit ? Anna qui fait partie, selon l’auteur, de cette « société secrète qu’assemblent l’amour du dépassement et une lassitude sans âge. » Anne dont il dit encore « Je devinais qu'en l'aimant, je commençais peut-être à m'accepter tel que j'étais. » Nous devenons, grâce à l'autre que nous aimons. En écrivant Anna, en la racontant aux autres, José Alvarez se raconte lui aussi. Passionnant. Le roman, au milieu de la vie.
L’écriture et la vie, intimement mêlés, dans le métier de vivre et dans celui d’écrire.



Publié dans l'Extension, novembre 2009

samedi 21 novembre 2009

"Victoire" de Barbara Polla

Dans son blog, Francis Richard publie son commentaire à propos de mon dernier livre, "Victoire".
A lire ici.

jeudi 19 novembre 2009

Traitement différentiel du visage dans l’art et dans la mode

Séminaire à la HEAD, Genève
Paul Ardenne et Barbara Polla
Vendredi 20 novembre

Paul Ardenne, historien de l’art et écrivain, est un spécialiste de la position du corps et du portrait au sein des pratiques artistiques contemporaines (L’image Corps, Figure de l'humain dans l'art du XXème siècle, 2001 ; Portaiturés, 2003). Barbara Polla, galeriste et écrivain, travaille et enseigne sur les rapports entre art et mode à Genève et à Paris.

Le visage, sur lequel se centre ce séminaire, occupe dans l’histoire de l’art une place des plus particulières : portrait et autoportrait représentent depuis toujours un domaine irréductible de l’activité artistique. La photographie a encore magnifié cet intérêt : dès l’invention de la photographie, le portrait y joue un rôle de premier plan. Cette passion pour le visage prend racine dans les systèmes même de reconnaissance de l’autre et de soi-même, conscients et inconscients, et a été décrite par Levinas comme « l’expérience fondamentale du visage : celle de la vulnérabilité de l’autre et solidairement celle du sentiment de ma responsabilité envers lui ». Pour Levinas, Le visage est à la fois, par sa vulnérabilité, appel au meurtre et injonction de ne pas tuer.

Paul Ardenne parlera du portrait dans l’histoire de l’art et la photographie contemporaine et des rapports complexes qui s’établissent entre portraiturés et portraitistes. Barbara Polla, elle, abordera la question de la dissimulation du visage dans la mode jusqu’à son obstruction complète chez Martin Margiela par exemple – et de sa réapparition récente, voire de sa glorification nouvelle, chez des stylistes comme Sonia Rykiel ou Kris Van Assche. De l’épiphanie du visage, ou quand le visage n’est plus seulement un identifiant mais devient un paysage.

mardi 17 novembre 2009

Peut-on dire qu'une pièce est nulle ou géniale ?

Les Forums de Genève Active

Mardi 17 novembre 2009, de 12h15 à 13h45.
White Box du Théâtre du Grütli. Entrée libre.

Peut-on dire qu'une pièce est nulle ou géniale ?

Ce débat portera sur les processus d'évaluation du geste artistique et leurs finalités.

Tout artiste se trouve constamment confronté au jugement sur son travail. Jugement sur ses projets puis sur leur réalisation. Jugement de la part des médiateurs (subventionneurs, programmateurs, éditeurs, galeristes,...), des journalistes, et finalement du public. Quantité de questions se posent au sujet de l'évaluation du geste artistique: peut-on dire qu'une oeuvre est mauvaise? Comment faire la part de l'objectivité des critères (nouveauté, pertinence, cohérence, diffusion,...) et de la subjectivité du critique? Quelles sont les finalités de l'évaluation d'un travail? Comment communiquer ses jugements? Ces évaluations sont-elles liées aux tendances du jour ?
Entrer dans lʼévaluation, cʼest examiner les argumentaires permettant de négocier la place d'une oeuvre dans la hiérarchie des valeurs prisées par ceux qui la pratiquent. A quel point les dispositifs dʼévaluation doivent-ils être transparents ?

Avec :
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Jean-Pierre Greff, directeur de la Haute école d'art et de design Genève
Virginie Keller, cheffe du service culturel de la Ville de Genève
Gabriel de Montmollin, directeur des Éditions Labor & Fides
Barbara Polla, galeriste, Galerie Analix
Michèle Pralong, co-directrice du Théâtre du Grütli

modérateur: Jacques Magnol, journaliste, éditeur de Genève Active.ch

Infos : forums (at) geneveactive.ch - www.geneveactive.ch - inscription

lundi 16 novembre 2009

Après les coins fumeurs, les espaces allaitement!

Alors voilà. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a de bonnes mamans. Et donc, évidemment, de mauvaises. Les bonnes ? Celles qui allaitent bien sûr. Les autres ? Mieux vaut ne pas en parler n’est-ce pas, mieux vaut faire comme si elles n’existaient pas… parce que donner le biberon à son bébé plutôt que le sein, c’est vraiment la fin de l’amour maternel. Toutes les études le prouvent : les bébés nourris au biberon deviennent tous des adultes malheureux après avoir été des enfants en fort mauvaise santé. CQFD !

Et donc, l’Association genevoise Allaitement dans la cité, afin de promouvoir l’allaitement – « recommandé puisque le lait maternel est SUPERIEUR au lait en poudre, ‘notamment’ pour le système immunitaire du nourrisson » - a fait en sorte de mettre à disposition « des coins accessibles, non-fumeurs et discrets » où les jeunes mères peuvent allaiter en toute quiétude. Des autocollants signalent les lieux partenaires de l’association, cafés, restaurants, bibliothèques… Une initiative qui part sans nul doute des meilleurs intentions. Mais le chemin de l’enfer est pavé de biberons.

Et sur ce chemin, la vie sociale des mamans biberonnantes se voit clouée au pilori et la parentalité du même coup. Que je sache, les pères n’allaitent pas. Même ceux qui adorent leurs bébés en toute intimité (oui oui il y en a), eh bien non, ils n’allaitent pas. Ils adorent par contre donner le biberon à leur rejeton, tout comme certaines excellentes jeunes mères adorent profiter de leur vie sociale au restaurant « notamment » pendant que le bienheureux père biberonne le bienheureux tout petit… Alors, à quand les coins fumeurs, difficilement accessibles et sans aucune intimité pour les parents biberonnant ? C’est tout ce qu’ils méritent n’est-ce pas, parce que donner le biberon, fût-ce avec amour et intimité réciproque et en offrant du même coup une place d’honneur au père, c’est forcément… inférieur.
Et si en fait on laissait les parents faire comme ils l’entendent sans les abreuver de bons conseils et de coins désignés mais en les intégrant tels quels dans la vie sociale de la cité ? Voilà qui serait une bonne nouvelle !

Publié dans les Quotidiennes, le 16 novembre 2009

jeudi 12 novembre 2009

Pascal Bruckner, spécialiste ès amour

Le philosophe, essayiste, écrivain français, dont je disais déjà aux Quotidiennes qu’il était le plus glamour, drôle et gentil des intellectuels français , est aussi un spécialiste ès amour.

En théorie et en pratique, parce que n’est ce pas, la théorie seule en ces choses là… toujours entouré de ce que la gent féminine a de plus brillant, de plus smart et de plus séduisant, il en connaît sur la question, de Lunes de Fiel à L’Amour du Prochain, du Nouveau Désordre amoureux écrit il y a quelques années avec Alain Finkielkraut (traité de la tyrannie de l’orgasme post soixanthuitarde) au Paradoxe Amoureux qui vient de sortir chez Grasset.

Un essai à la fois didactique et littéraire, dont les plus belles pages sont probablement les encadrés.

Une ode à la différence qui m’est si chère, et qui jette aux orties toute utopie postsexuelle : « il ne sera jamais loisible à un homme de procréer ou de jouir comme une femme, ni à une femme de connaître les joies de l’érection….

Cette bipolarité engendre une richesse humaine inespérée. Hommes et femmes ne parlent pas toujours la même langue. L’essentiel est qu’ils continuent à converser, à travers malentendus et contresens, sans recourir à un espéranto réducteur. Il faut au moins deux sexes pour que chacun rêve de l’autre. Dans une prochaine vie, je veux renaître femme. »

Voilà bien la plus belle déclaration qu’un homme puisse nous faire, globalement à nous femmes. Merci Pascal Bruckner ! Pascal Bruckner qui affirme aussi que s’il n’y a guère de progrès en amour, il y a par contre beaucoup de progrès dans la condition féminine.

Dans une prochaine vie, je veux renaître homme !

Publié dans les Quotidiennes, le 12 novembre 2009.

vendredi 6 novembre 2009

Evènement glamour à l’Ambassade de Suisse à Washington

Pas facile, par les temps qui courent, de représenter la Suisse à Washington. Il nous faut déjà la plus belle des résidences: ce véritable lieu de culture en forme de croix (suisse bien sûr) imaginée et réalisée par l'architecte américain Steven Holl et son homologue suisse Justin Rüssli a été couronné en 2007 par le prix international d'architecture du Royal Institute of British Architects. Il nous faut surtout nos diplomates les plus expérimentés pour réussir ce défi-là. Avec le glamour en plus : le soir du 4 novembre, Ronit Ziswiler, épouse de l’Ambassadeur, invitait le « tout-DC » à un défilé d’Isabel Toledo, qui a créé une collection spécifique pour cette soirée très spéciale et très suisse.

Isabel Toledo ? Il y a un an encore, seuls les spécialistes de mode – comme le Septième Etage à Genève – connaissaient la styliste. Mais le 20 janvier, jour de l’investiture de Barack Obama, Michelle Obama rayonnait en robe fourreau à encolure en lamé signée Isabel Toledo… Le rapport avec la Suisse ? Isabel Toledo utilise des tissus faits par Forster Rohner AG, entreprise familiale suisse depuis plus de cent ans. Pour Isabel Toledo, selon une interview donnée à largeur.com, «qualité suisse signifie honnêteté, propreté et santé. A mon avis, le textile et les objets doivent parler de ces qualités.» La philosophie de la broderie Saint-Galloise va même au-delà: on nous parle de passion, de zeitgeist, de créativité, de technologie, de partenariats, avec pour résultat final la broderie séduction.

On ne l’a pas assez dit: sans la Suisse, l’investiture de Barack Obama n’aurait pas été le même succès. Merci à Ronit Ziswiler (en robe couleur ciel d’Isabel Toledo bien sûr) et à l’Ambassade de Suisse à Washington de le rappeler au «tout DC»!

Publié dans les Quotidiennes, le 6 novembre 2009.

La maison de l'équilibre est un hymne de l'entreprise

William Boone Finnerty (www.willfinnerty.com) est professeur d’entrepreneurship à Georgetown. Le jeune professeur propose, en ces temps bousculés pour les entrepreneurs (mais est-il en réalité, des temps calmes pour eux ?), que pour préparer, présenter, réaliser, amender, développer au mieux le business-plan de l’entreprise, il faut d’abord un nusiness plan personnel. Très personnel vraiment : il s’agit d’assurer le développement personnel de l’entrepreneur, qui seul permettra d’assurer aussi efficacement qu’harmonieusement le développement de l’entreprise.

Pour réaliser cet objectif fondamental, Finnerty propose la Maison de l’Equilibre. La Maison de l’Equilibre ? Tous décorés des caractères japonais “Kaizen,” symboles d’un développement personnel permanent, les cinq côtés de la maison - car comme chacun sait, les maisons ont cinq côtés - sont les relations, la santé, l’argent, la carrière et, conjuguant les quatre autres, le développement personnel justement. Aux étudiants de troisième année de Business School, le professeur enseigne en parallèle douze piliers de ce business plan personnel, parmi lesquels la négociation, le time management, le job de vos rêves, la vente, la santé.

La santé ? Les étudiants devront-ils plancher sur choix de la meilleure assurance maladie ? Pas vraiment… il s’agit pour eux de définir l’importance de leur vie spirituelle, de préciser quelles sont leurs habitudes de vie, et au cas où ils ont des problèmes de santé, ce qu’ils envisagent de faire pour changer les choses à l’avenir, notamment dans ces deux domaines, la vie spirituelle et le style de vie. Le message global transmis aux étudiants : votre santé est entre vos mains ! Tout est entre vos mains d’ailleurs.

La négociation, par exemple ? Là les étudiants doivent analyser, définir, moduler quelles attitudes ils adoptent quand il s’agit de vendre. Vendre eux-mêmes d’abord, puis leur entreprise, leur projet ou leur produit : Chaque fois qu’il y a vente, il y a négociation : vendre, c’est négocier.. La négociation est une constante dans la vie personnelle comme dans la vie professionnelle : fondamentalement, pour un entrepreneur, il s’agit ainsi en premier lieu de négocier son développement personnel dans son rapport avec le développement de son entreprise. Parfois cette négociation se fait « contre » - le développement personnel contre celui de l’entreprise – une situation difficile à gérer mais fréquemment rencontrée. Les émotions négatives liées à la gestion du temps personnel versus le temps professionnel, sont un des facteurs clés du déséquilibre et du stress dont souffrent beaucoup de jeunes et de moins jeunes entrepreneurs. 82% des Américains (toutes professions confondues) sont insatisfaits de l’équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle.

C’est là qu’intervient un autre des piliers fondamentaux de la Maison de l’Equilibre : le Time Management. Mieux dit encore : le time management émotionnel. Car une des conditions au succès de l’entreprise, c’est qu’elle participe au bien-être de l’entrepreneur, à son développement personnel, et non pas qu’elle lui enlève temps et énergie. Comme procéder ? Il s’agit d’abord, à nouveau, de réaliser que « votre temps est entre vos mains ». Autonomie. Ensuite, de fixer clairement vos objectifs prioritaires (qu’est-ce que je veux vraiment ?), avec les enseignements du Maître Spinoza en tête : la clarté – et l’autonomie, piliers non pas de la Maison de l’Equilibre, mais des émotions positives, qui bien sûr en font partie. Troisièmement, phase pratique : s’asseoir, avec son agenda en main, et se fixer l’agenda idéal. Puis l’appliquer…

Et puis bien sûr, il ne faut faire que le job de ses rêves. Donc commencer par rêver. Car « L’homme qui rêve gagne toujours. » Les Américains changent de travail onze fois dans leur carrière et changent de carrière quatre fois dans leur vie. 89 % des Américains espèrent changer de job dans les six mois.72% disent que leur travail n’est pas celui de leur rêves mais seulement 9% recherchent activement le job de leurs rêves. Cherchons – et trouvons – tous le job de nos rêves, vite ! Et si nous ne le trouvons pas sur le marché de l’emploi, créons le, comme première marche vers un développement personnel et un développement professionnel intégrés.

Comme dit encore Finnerty « I am a big believer in lifetime learning. » « Regarder au fond de vous-même, vous poser des questions, essayer d’apporter vos propres réponses et apporter au monde vos talents uniques. » « Une question pour vous : jusqu’à quelle hauteur un arbre va-t-il pousser ? » et la réponse du Professeur : « Aussi haut que vous le laisserez pousser. » Bien sûr, il y a un monde entre les études, entre les enseignements d’un professeur, et la réalité. Mais la Maison de l’Equilibre, elle, s’applique à toutes les situations.


Publié dans l'AGEFI, le 6 novembre 2009.

lundi 2 novembre 2009

Stress, carrière, travail, genre …. genre quoi?

Après la dernière bonne nouvelle – vous avez sûrement lu les Quotidiennes, il paraît que faire des enfants c’est bon pour la carrière des femmes – à moins que ce ne soit le contraire, je ne me souviens plus très bien… voilà que le stress revient lui aussi sur la table. Un rapport remis au gouvernement français propose 40 indicateurs pour mieux cerner les risques "psychosociaux". Les risques psychosociaux de quoi ? Mais, du stress bien sûr ! Mais… et pourquoi pas les bénéfices ?

Les auteurs de ce rapport demandé par le ministre du Travail - une vingtaine de sociologues, médecins, psychiatres, statisticiens, économistes - s'appuient sur des études de scientifiques et plusieurs enquêtes nationales réalisées en 2003, 2005 et 2007 auprès des salariés français. Ben vous savez quoi ? Plus on est stressé, moins on est bien – à moins que ce ne soit le contraire, là encore, je n’ai pas tout compris…

Et si on regardait les choses autrement ? Et si on se disait que les femmes, pour faire carrière, n’ont besoin d’aucune justification, qu’il n’est pas nécessaire que ce soit bon pour leurs enfants ? Et qu’elles n’ont pas non plus à se justifier d’avoir des enfants sous prétexte que c’est bon pour leur carrière ?

Et si on envisageait le stress comme une chose normale, indissociable de l’existence, qu’il ne faut pas à tout prix éviter mais avec laquelle il faut vivre, sans aller jusqu’à dire que c’est indispensable pour la carrière mais avec pour le moins la neutralité bienveillante qui est totalement absente du sus-dit rapport ?

Regardez un peu : on nous dit que 22,6% des salariés estiment que la quantité de travail est « souvent ou toujours excessive ». Ce qui signifie que trois quarts des employés estiment la charge de travail adéquate – ou insuffisante ! Magnifique ! 20,5% des salariés se plaignent de l'absence d'écoute de leur supérieur – mais cela veut dire, bon diou, que 80 % des salariés se entent écoutés par leurs supérieurs ! C’éty pas beau ça ? !

A part le fait que le stress est un magnifique stimulant – bien meilleur pour la santé dans la réalité du quotidien qu’en comprimés - où sont, dans ce rapport, les questions sur la joie au travail, la fierté, la valorisation ? Sur les effets positifs du stress surmonté ?

Bon bref on oublie… juste un autre rapport un peu plus cher que les autres pour dire encore ce qu’on avait vraiment envie d’entendre : mieux vaut être un homme riche, cool et en bonne santé qu’une femme carriériste, prolifique et stressée – si j’ai bien tout compris, donc.

Publié dans les Quotidiennes, le 2 novembre 2009

Je viens de quitter la clinique - quel stress !
Bon, next step !!