La vie et ses cycles : la nature et la culture, la naissance et le sexe, la révolution et l’artiste, etc. Ces dialectiques imprègnent profondément la Bonne Nouvelle, dans la lignée des grandes commandes artistiques qui ont pu jalonner, notamment, l’histoire de l’art italien. Andrea Mastrovito, italien de Bergame, nous offre la preuve, une nouvelle fois, de sa grande culture artistique et de son profond humanisme.
Tout d’abord, la nature. Le Centre d’Art contemporain de Lacoux : lieu idéal pour accueillir l’installation de l’Encyclopédie des fleurs de jardin… A première vue, il s’agit de parterres de fleurs à l’italienne ou à la française. Une observation plus attentive permet de voir qu’il s’agit en réalité d’une illusion d’optique. Un amoncellement d’encyclopédies de botanique, ouvertes, dont Mastrovito a soigneusement découpé le contour des fleurs photographiées pour les rendre protagonistes de ces parterres de livres… Alliance de la culture et de la nature, ces pièces répondent au cadre scolaire et bucolique de Lacoux. Mastrovito a le pouvoir de faire pousser des fleurs de papier à l’intérieur d’une ancienne école : voilà en soi une Bonne Nouvelle !
Dans l’installation My Birthday, faite de light boxes, la silhouette de l’artiste, dans la nuit, pointe son revolver vers le ciel qu’il troue des constellations, celles de la nuit de sa naissance : essence de la création, métaphore de la semence. A l’image des grands commanditaires de la Renaissance qui faisaient illustrer par des artistes de renom leur ciel astral, Andrea Mastrovito convoque la cosmogonie pour My Birthday, pour cet acte fondateur qui préside à La Bonne Nouvelle de Lacoux.
Cette exposition clôt un cycle dans le travail de Mastrovito. Nombreuses en effet sont les œuvres qui ont trait à l’acte même de la création, et en premier lieu l’autoportrait, pratique chère à l’art italien. La vidéo Robespierre souligne le rôle de l’artiste qui, tel le révolutionnaire, permet à la société de germer à nouveau, de partir sur de nouvelles bases. Au prix de l’oubli de l’artiste, celui qui casse son crayon et disparaît au terme de la vidéo. Par rapport à l’acte créateur, on songe aussi à ces séries de dessins, qui résultent d’un processus similaire à celui du personnage de la vidéo : un seul trait, réalisé à main levée et la figure s’incarne. Des dessins érotiques viennent rappeler que l’amour est aussi, en soi, une très Bonne Nouvelle.
Mais pas toujours. Un baiser long comme le temps qui nous sépare représente l’artiste, assis dans la nature, sous le regard de sa dulcinée, délicatement perchée sur une branche. Ode à l’amour champêtre ou chanson de geste soulignant la distance entre les êtres et l’ambiguïté de leurs sentiments ? La différence ne semble tenir qu’à quelques feuilles, papiers de couleurs, photocopies, découpages et collages. Ou quand la femme aimée est bel et bien « photocopiée »… La Bonne Nouvelle, alors, peut aussi nous échapper.
Andrea Mastrovito sera présent en août 2009 à Genève avec l’installation Climat poétique, présentée dans la Cour de l’Hôtel de Ville, à l’invitation du Conseil d’Etat de la République et canton de Genève. Il participera ensuite à l’exposition Slash : Paper Under the Knife qui se tiendra au Madmuseum à New York du 7 octobre 2009 au 4 avril 2010, aux côtés d’Olafur Eliasson, Kara Walker ou encore Tom Friedman.
Barbara Polla, galeriste (Analix Forever), Ecrivain
Marylène Malbert, coordinatrice de la galerie Analix Forever, historienne de l'Art
lundi 30 novembre 2009
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