vendredi 15 février 2008

« The House that Herman built »

« OK woman, build my house but hurry up, I need a place to sleep »
Herman Wallace, 28 novembre 2002

En février 2001, Robert King Wilkerson, après avoir vécu 29 ans de confinement solitaire pour un crime qu’il n’avait pas commis, sort de la prison « Angola », le pénitencier de l’Etat de Louisiane, ainsi nommé d’après l’ancienne plantation sur laquelle il a été érigé. Quelque temps plus tard, il donne une conférence à San Francisco, ou plutôt, il raconte, devant un auditoire clairsemé, sa vie en prison. Arrive le temps des questions. Jackie Summel, jeune étudiante en art à Stanford, se lève et demande : « Que puis-je faire ? ». « Ecrire à mes camarades, Herman Wallace et Albert Woodfox ».

Jackie Summel prend donc la plume. Et le jour où on lui demande de préparer une dissertation sur la question des maisons de rêve, elle écrit à Herman Wallace : « De quel genre de maison rêve un homme qui a vécu pendant plus de trente ans dans une cellule de deux mètres sur trois ? » La réponse sur www.hermanshouse.org.

Depuis six ans désormais, Jackie Summel travaille à construire la maison de Herman. Elle est aussi devenue artiste, a exposé à plusieurs reprises les maquettes de son projet et publié un livre, recueil des lettres de Herman et des maquettes de la maison. Une maison « normale », avec des fleurs tout autour (beaucoup de fleurs, parce que, comme dit Herman « les fleurs sont nécessaires parce qu’elles génèrent de l’oxygène, l’essence de la vie »), la seule extravagance étant la piscine, au fond vert clair, avec une grande panthère en son centre, en hommage au parti de la Panthère Noire, union d’activistes visant notamment à faire reconnaître les droits des Noirs aux Etats Unis.

Vous pouvez vous aussi écrire à Heman Wallace : prisonnier 76759. Jackie, elle, n’écrit plus au numéro 76759. « J’écris à un ami, un compagnon, un confident. J’écris à une personne. C’est une révolution. ».

Et n’hésitez pas, si vous le souhaitez, à soutenir Herman Wallace et Jackie Sumell: vous trouverez tous les détails sur www.hermanshouse.org. Le plus petit geste, en l’occurrence, aura force de liberté. Et participera à la détermination de celui qui dit encore, « … you’re not going to see me break ».

Publié dans les Quotidiennes, le 15 février 2008

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