Il y a 130 ans, naissait en Pologne Henryk Goldszmit, qui prit très vite le nom sous lequel on le connaît aujourd’hui: Janusz Korczak, médecin, éducateur, écrivain: Comment aimer un enfant (1919), Quand je redeviendrai petit (1925 – appel à réédition!) et Le droit de l’enfant au respect (1928) sont parmi ses ouvrages les plus importants.
Un 130ème anniversaire de naissance – peut être pas une vraie actualité? Mais le thème de l’éducation des enfants, lui, est toujours d’actualité. Et Janusz Korczak lui-même, plus que jamais. Et pourquoi donc?
D’abord parce qu’il est un modèle inusable d’engagement pour la dignité des enfants. Dans le ghetto de Varsovie, Korczak crée des orphelinats et s’occupe personnellement des enfants, jusqu’à ce jour de 1942 où les nazis viennent les chercher pour les conduire à Treblinka. Korczak dispose d’appuis puissants et on lui propose la liberté. Mais il préfère accompagner «ses» deux cents enfants et mourir avec eux à Treblinka. Certes, il n’aura pas sauvé la vie des enfants. Mais il a changé leur mort - et donc leur vie.
Les enfants de Korczak ne sont pas morts seuls. Ils ont été dignement accompagnés par leur maître. Par ce geste même, Korczak leur aura montré qu’un seul individu résistant peut changer le monde, comme, selon Boris Cyrulnik, une seule main tendue peut changer une vie.
Mais Korczak est plus encore qu’un exemple. Il est aussi et surtout un enseignant. Un enseignant dont nous devrions réétudier les messages de toute urgence, car ils vont fondamentalement à l’encontre de l’air du temps.
Aujourd’hui l’enfant est sur-protégé, emprisonné dans sa bulle, dans sa vie et dans son monde d’enfant, observé, étudié, filmé, enregistré, suivi: on lui retire jusqu’à son espace de vie et de développement, son espace démocratique propre.
Comment être et devenir, dans ces conditions, un être complet, responsable, autonome, capable de vivre en démocratie? L’enfant n’est pas cet extraterrestre que l’on stigmatise aujourd’hui parce que la démographie fléchissante le rend hyper-précieux - non, il est juste, selon Korczak «comme un étranger dans une ville inconnue dont il ne connaît ni la langue, ni les coutumes, ni la direction des rues».
Mais il a tout le reste, et notamment, «Sur le plan des sentiments, il nous surpasse par la force de ses passions auxquelles il n’a pas encore appris à mettre des freins; et sur le plan de l’intellect, il n’a rien à nous envier, il ne lui manque que l’expérience.»
Quand je redeviendrai petite, j’aimerais avoir pour enseignant Janus Korczak, ou l’un de ses disciples…
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