L’utilisation de cellules souches embryonnaires aux fins de recherche et, à terme, de thérapeutique, a soulevé des questions fondamentales qui n’ont pu être résolues en Suisse que par l’édiction de lois restrictives, qui, comme toutes les lois de ce type, finissent par restreindre les champs de la recherche au lieu de les encadrer. Et pourtant, pour être éthique, la recherche se doit d’abord être de qualité, avant que d’être réglementée.
Un nouvel espoir apparaît aujourd’hui : plutôt que d’utiliser des cellules souches embryonnaires, pourquoi ne pas utiliser les cellules souches du sang du cordon ? Oui pourquoi pas en effet : le sang du cordon est en général jeté dans les grandes poubelles des déchets biologiques, et utiliser ces cellules pour la recherche et les traitements actuels et futurs des maladies concernées par ces approches paraît une solution idéale. Deux points sont particulièrement intéressants à soulever dans ce contexte : le rôle irremplaçable de la recherche dite « dure », et les problèmes éthiques toujours renouvelés que posent les nouvelles découvertes.
Premièrement, faut-il le rappeler, sans recherche sur les cellules souches embryonnaires, jamais il n’aurait été envisageable de remplacer ces cellules souches embryonnaires par les cellules du sang du cordon. Comment montrer que ces dernières sont comparables en termes d’efficacité, préférables peut-être en termes de compatibilité, en l’absence d’une recherche activement engagée sur les premières ? Seul un engagement constant pour le recherche de pointe peut permettre, le cas échéant, de vrais progrès, y compris éthiques. Dans ce contexte, la création récente, à Paris d’une part, d’un consortium international pour fédérer la recherche sur les cellules souches du sang de cordon et à Genève d’autre part, d’un centre de thérapies cellulaires regroupant des chercheurs dans des domaines de pointe comme la transplantation de cellules souches sanguines, sont particulièrement encourageantes. Comme le dit la chercheuse Marisa Jaconi à propos des cellules souches du sang du cordon : « A travers leur étude, un but possible serait de pouvoir redonner le même potentiel aux cellules souches adultes… et il est essentiel de poursuivre la réflexion scientifique et éthique dans ce sens. »
La réflexion éthique doit se poursuivre elle aussi en effet, car si l’utilisation du sang du cordon pourrait résoudre certains problèmes comme celui de la nécessité d’utiliser des embryons, elle en pose d’autres, notamment dans le rapport entre public et privé. Faut-il conserver les cellules souches de son bébé pour lui-même, au cas où il pourrait en avoir besoin, en cas de maladie grave, ou faut-il le donner au monde ? La Fondation Cellules souches du sang n’y va pas par quatre chemins et affirme que « La valeur d’une unité de sang de cordon dans une banque publique est supérieure à celle d’une banque privée du fait que cette unité est à la disposition de tous les patients du monde. » Carine Camby, directrice de l’Agence de Biomédecine française, va quant à elle jusqu’à suggérer que «l’escroquerie intellectuelle» d’établissements privés tel CryoGenesis en Angleterre pourrait «décourager le don altruiste». Le don « altruiste » « gratuit » et contrôlé par l’Etat, meilleur vraiment que le don payant et à but familial ? Est-il vraiment éthique d’affirmer ainsi sans nuances ni discussion, la supériorité « éthique » du groupe sur l’individu ? La question ne peut être écartée avant d’avoir été posée.
Publié dans l'AGEFI le 19 juin 2008
jeudi 19 juin 2008
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