Au-delà de ses effets de déstabilisation et de déperdition, toute crise a aussi des effets bénéfiques, qu’il s’agisse de crise politique, financière, personnelle, entrepreneuriale… En premier lieu, la situation de crise a des effets physiologique sur notre propre organisme : elle stimule l’adrénaline, entre autres, ce qui fait que l’on prend des décisions plus rapides et que l’on se sent en fait, notablement plus vivant. De manière intéressante, les médias en général, qui montrent et présentent plus volontiers des images de crise que des images de calme, misent sur cet attrait si humain pour les situations de crise – de préférence bien sûr, celles des autres.
Mais en l’occurrence, la crise financière nous concerne tous – comment alors en tirer bénéfice ? Tout d’abord, une telle crise remet en cause des principes souvent trop vite considérés comme établis. Le mouvement (même s’il est vers le bas), la changement, l’adaptation, l’évolution sont des principes fondamentalement libéraux. La crise actuelle bouscule les positions des uns des autres, certaines entreprises de taille moyenne disparaissent, certaines grandes deviennent immenses, certaines petites, peuvent saisir l’opportunité que leur laissent les plus grandes - tout occupées que celles-ci sont à régler leur propres problèmes internes - de se positionner de manière plus intéressantes sur le marché. Car le monde économique n’est pas sidéré, les gens n’arrêtent pas d’acheter, même s’ils modulent leurs comportements d’achat.
Parmi les grandes, on peut citer la Société Générale, dont le PDG, Daniel Bourton, aurait réalisé une plus-value de 1,3 million d'euros en moins de quatre mois, malgré la chute du titre en Bourse, en revendant des actions de son groupe acquises au titre de stock-options. Mais « les bonnes affaires de la crise », comme titrait Marianne le 5 novembre 2001 et Le Point cette semaine, concernent avant tout les petites entreprises, en particulier celles qui proposent des produits originaux, novateurs, et pas trop chers, que ce soit dans le tourisme, les voyages, l’immobilier, ou le « affordable luxury ». Comme disait Leonard Lauder « when the economy gets worse, lipstick sales increase ! ». Après les défilés de ce début d’automne, les acheteurs de vêtements par exemple ont privilégié les maisons personnalisées, les productions de niche et les marques exclusives du fait de leur positionnement plus que de leur prix. Ces atouts, on les retrouve dans tout ce qui peut donner aujourd’hui à un prix raisonnable un sentiment de bien-être, d’exclusivité, de protection – de s’occuper de soi et de se faire plaisir. Les restaurants n’ont jamais été aussi pleins, les fitness battent leur plein et le succès exponentiel, à Paris, du Comptoir de l’Homme, une boutique de cosmétiques dont les clients sont des hommes de tous horizons, en étonne plus d’un. Not only lipstick ! Les bonnes affaires de la crise n’ont pas fini de nous surprendre. Et pourtant, elles répondent tout simplement au besoin d’en inverser les effets physiologiques. Retour au calme et à la maîtrise.
Publié dans l'AGEFI
jeudi 16 octobre 2008
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