mercredi 17 juin 2009

La Collection Pinault: Home 2!

Venise, la Biennale, les articles pleuvent, élogieux ou critiques…

L’ouverture de la Biennale cette année, plus qu’un honneur à Daniel Birnbaum, son trop classique commissaire, aura été un honneur à un entrepreneur qui lui n’a pas froid aux yeux.

Le lendemain même de la présentation mondiale du film Home qu’il a largement soutenu, François Pinault se promenait, modeste et discret, passant inaperçu au milieu de la foule qui ne semblait pas le reconnaître, captivée par les oeuvres d’art - une fois n’est pas coutume - dans les magnifiques espaces de son deuxième Home d’Art à Venise, la Punta della Dogana. Home 1 en comparaison, le Palazzo Grassi, ne semble plus qu’un salon étriqué où les œuvres d’art amassées vont parfois jusqu’à perdre leur sens: que viennent faire les œuvres d’un Abdel Abdessemed devant les miroirs d’un Pistoletto ? Oubliez donc Home 1 et passez-vous du Palazzo Grassi cet été (vous pouvez d’ailleurs dans le même temps oublier aussi le film Home 1 et attendre le 2), mais ne manquez sous aucun prétexte, la Punta della Dogana. Qualité et émotion garanties. Notamment grâce à la pièce des frères Chapman, représentation apocalyptique de l’enfer sur Terre. Une apocalypse guerrière miniaturisée, inspirée de Bosch et de Goya, une apocalypse à la fois écologique et humaine, dont toute l’horreur n’apparaît qu’au regard de près alors qu’à distance l’atmosphère poussiéreuse qui enveloppe les arbres – bonzaïs dans leur boxes de verre crée l’illusion poétique…

Bien mieux que le film soutenu par François Pinault, Home 1, qui nous montre (gratuitement) la beauté menacée de la Planète Terre, le travail des frères Chapman, offert à nos yeux par le même homme, nous parle de l’essentiel : l’enfer sur Terre, l’ultime pollution, celle pourtant que notre civilisation devrait savoir abolir plutôt que de la multiplier ad infinitum: celle des armes. Un message dont l’esthétique soutient la force – tout en évitant absolument l’écueil par trop envahissant de la pontification écologique. La plus belle pièce, peut-être, de cette 53ème Biennale de Venise – la plus actuelle, sans doute.

Publié dans les Quotidiennes, le 17 juin 2009

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