Yes we can. L’Amérique, le lieu où tout est possible. Le pire parfois, le meilleur souvent. Selon Barak Obama : « Le rêve de nos fondateurs est en vie ».
La victoire de Barak Obama est une victoire historique, tout le monde est d’accord là-dessus. Obama Makes History, titre le Washington Post de ce mercredi 5 novembre. Et quels que soient les problèmes, problèmes de proportions non moins historiques que son succès, dont Obama va hériter le 20 janvier 2009, si ce n’est dès aujourd’hui, la victoire du premier Président américain afro-américain restera pour toujours un jour de joie dans ce pays. La nuit dernière l’ambiance dans Washington était celle des rues de Paris lors de la victoire de la France au mondial de football. Mardi, les gens ont attendu, devant les églises, devant les écoles, trois, voire quatre heures, pour pouvoir voter. Ce matin, plus personne n’attend, tout le monde s’affaire, sourire aux lèvres. Au travail. Barak Obama s’est bel et bien adressé à tous les « working men and working women » du pays. Et par trois fois, au moins, il a parlé de sacrifices. Ceux d’ores et déjà concédés, mais aussi ceux qu’il va falloir concéder encore pour reconstruire le pouvoir de la démocratie, la paix, le pays, et sa place dans le monde. A ce message, même la bourse de Hong Kong répond positivement – même si oui, en effet, les choses ne se feront pas toutes seules.
Barak Obama l’a dit et répété : pas tout seul. Il se veut le président de tous les Américains : « démocrates et républicains, homosexuels et hétérosexuels, handicapés et non handicapés, nous ne sommes pas une addition, nous sommes et nous serons toujours, les Etats Unis d’Amérique ». Républicains et démocrates : la saveur de la victoire est d’autant plus belle que l’adversaire est meilleur. Le discours de John McCain, avant minuit, ce quatre novembre, ne pouvait qu’emporter l’adhésion de tous ceux qui ont voté Obama, aussi. « Je n’ai ce soir dans mon cœur, que mon amour pour mon pays et ses citoyens. » L’Amérique, nous dit essentiellement McCain, est la plus grande nation du monde. Et maintenant nous allons tous offrir à notre Président notre soutien et notre collaboration, pour construire un monde meilleur. Barak Obama est mon Président, mon soutien lui est acquis, pour le meilleur du pays. Et Barak Obama de répondre, une heure plus tard : Je veux être le président aussi, de tous ces Américains dont je dois encore gagner le soutien. Je félicite le Sénateur McCain. Je félicite le leader qu’il est, comme je félicite tous les républicains, et je me réjouis de travailler avec eux. La promotion des libertés individuelles et de l’unité nationale sont des valeurs républicaines que nous partageons tous.
Jim Hunt, professeur d’entrepreneurship à Georgetown University à Washington, « serial entrepreneur » lui-même, républicain depuis toujours, a voté pour McCain. Mais il ne lui a pas échappé que la défiscalisation des gains en capitaux pour les petites entreprises proposée par Obama serait très intéressante pour le développement du tissu entrepreneurial. Tina Alster, l’une des top ten dermatologues des Etats Unis, établie à Washington depuis une vingtaine d’années, cheffe d’entreprise d’une douzaine de collaborateurs dans le domaine de la beauté high-tech, vote depuis toujours démocrate, et après avoir soutenu Hillary Clinton contre vents et marées, a voté pour Obama avec conviction. Sans relation avec les efforts qui seront consentis par lui pour les petites entreprises – elle ne prévoit pas de vendre – mais parce que « les problèmes sociaux de l’Amérique sont aujourd’hui bien plus importants que la questions des taxes. Payons nos impôts et préparons l’avenir ! » Cet avenir est fait de défis. Les principaux rappelés par le Président élu sont, bien sûr, la pire crise financière que nous connaissions depuis longtemps, l’Irak, mais aussi et surtout les gens, les écoles, les emplois… Toutes nos priorités restent des priorités, précise Obama aujourd’hui, même si certaines devront attendre un peu plus longtemps que d’autres. Conscient des difficultés, il précise encore « qu’on ne va peut-être pas y arriver en un an, ni même en quatre » – mais même si le gouvernement ne peut pas résoudre tous les problèmes, nous y arriverons, nous, peuple d’Amérique. Nous ferons les sacrifices nécessaires. « Car la victoire de ce soir n’est pas encore le changement, elle n’est que la possibilité de créer ce changement. » Malgré tout, les Américains ont bel et bien l’impression, aujourd’hui, d’avoir su infléchir « l’arc de l’Histoire », et d’être, une fois de plus, porteurs de changement. Pour eux-mêmes certes, mais aussi pour le monde.
On entend encore, ici et là, dans les rues, dans les Starbucks, même aux guichets des quelques banques qui restent ouvertes, que « la vraie force de notre nation vient de la puissance de nos idées, de la démocratie. » C’est cela, le génie de l’Amérique : yes we can. America, never surrender !
« Sobre », conclut, sobrement elle aussi, une immigrée à la fin du discours d’Obama. « Il me rend fière d’être américaine » dit Laurel, étudiante en sciences politiques à l’Université de Georgetown. « Les quatre prochaines années vont voir venir le temps l’intégration de toutes nos minorités - Obama peut faire cela » affirme une jeune républicaine qui ne semble pas déçue. D’autres, en Europe, prévoient des lendemains de gueules de bois sans précédents. Mais je donnerai le mot de la fin à une enseignante genevoise : « Le bon sens est de retour. » Bienvenue en Obamie, le pays du bon sens et du calme.
Publié dans l'Agefi, le 6 novembre 2008
jeudi 6 novembre 2008
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