Crise économique, crise écologique : les deux conjuguées ont des effets particulièrement intéressants, notamment en termes de doctrine. Malthus, le retour, et avec lui, la décroissance !
Certains écologistes s’opposent désormais non seulement au développement, ce qui n’est pas nouveau, mais également au développement dit durable et ne jurent plus que par la décroissance - décroissance démographique incluse. Oublions les politiques natalistes, nous disent-ils, et encourageons plutôt la fin de l’humanité par la limitation universelle des naissances. Plus de bébés, plus d’émissions polluantes, plus de Pampers non recyclables, diminution drastique de la consommation d’énergie… (le coût écologique d’un enfant européen serait de l’ordre de 620 vols Paris–New York). Voilà donc réglée la crise écologique, de manière bien plus efficace et plus rapide que par la recherche de carburant non polluant.
Conjugués, ces efforts de dénatalité d’une part, et la limitation des soins en fin de vie de l’autre, proposée quant à elle pour soigner la crise économique (la santé coûte cher, très cher), auront tôt fait de réduire l’humanité à sa portion congrue. La nature reprendra enfin ses droits et les animaux sauvages dévoreront allégrement les quelques humains égarés sur ce qui fut notre (verte) planète.
Cette intéressante vision n’est pas sans rappeler celle de Jonathan Swift, qui propose en 1729, la main sur le coeur et avec la plus grande humilité, après autant d’années d’études qu’il a fallu aux écologistes pour proposer la dénatalité, une solution miraculeuse pour « empêcher les enfants pauvres d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public ». La proposition Swift ? Très simple : il suffirait que les riches mangent les enfants des pauvres. Et le tour est joué ! « D’un coeur sincère », Swift affirme « n'avoir pas le moindre intérêt personnel à tenter de promouvoir cette oeuvre nécessaire, mais pour seule motivation que le bien de mon pays. Je ne cherche qu'à assurer le bien-être de nos enfants, à soulager les pauvres et à procurer un peu d'agrément aux riches. »
Heureusement, dans ce fatras de décroissance, de retour de malthusianisme, d’ultraconservatisme anti-féministe et de volonté inquiétante de « respiritualisation de la société », certains – telle l’équipe de decroissance.info - ont bien compris que le capitalisme est un instrument, et non pas une doctrine, qui peut servir toute cause, même les plus nobles, auxquelles il suffit de le plier. « Achetez intelligent, achetez décroissant ! » lit-on sur le site de decroissance.info, qui ouvre sa boutique en ligne, nous convoque et nous offre – nous vend, donc – des T shirts en coton bioéthique et solidaire. « En achetant nos T-Shirts, vous contribuerez activement à l’essor du site et du mouvement pour la décroissance. » « Et pour nos fidèles, un deuxième T-Shirt pour tout achat avant mercredi minuit ! » : decroissance.info veut grandir, et vite, avant mercredi ! Croissez et multipliez, T-shirts bioéthiques et solidaires !
Alors, achetons donc ces T-shirt, entretenons le désir, de procréer, de croître et de consommer, jetons une fois encore aux orties Swift, Malthus et Cochet, mais non sans adopter la mesure que donne de la croissance le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) : une mesure du développement humain qui accole au classique PIB par habitant des indicateurs d’éducation et de santé. Des indicateurs qui pourraient bien générer, s’ils sont appliqués comme il se doit, d’autres imaginaires et d’autres représentations du développement humain. Nous en avons grand besoin !
Publié dans l'AGEFI, le 22 juin 2009
lundi 22 juin 2009
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2 commentaires:
Serait-ce que le concept de décroissance inquiète à ce point les milieux politiques traditionnels – tous tenant de la croissance ou du développement durable, ce qui revient presque au même – pour qu’au lieu d’argumenter rationnellement on en vienne à appeler autant aux émotions ou à la raillerie et aux contre-vérités pour convaincre ?
Depuis quand la décroissance prône-t-elle la dénatalité et l’euthanasie pour régler les graves problèmes que des siècles d’avidité capitaliste nous ont laissés en héritage ?
Depuis quand « certains écologistes » devraient se traduire par « les militants de la décroissance » ?
Madame Polla, informez-vous aux vraies sources de la réflexion actuelle autour de la décroissance (Ariès, Latouche, Ridoux pour ne citer que les plus connus), laissez Malthus et Swift à leur siècle de lumière (!!) et concédez finalement aux maladroits militants de décroissance.info une vente de t-shirt en ligne pour aider à améliorer la clarté de leur message pour votre information politique.
Nardo d’Eissy
Cet article est du grand n'importe quoi...Madame vous n,avez donc rien compris à l'écologie politique et à la décroissance...Mais bon je ne veux pas essayer de vous expliquer l'idée de décroissance puisque à travers cet article, je vois bien le mépris...
Au fait, la vente de chandails c'était une farce (article mis en ligne le premier avril). Au moins la décroissance à le sens de l'humour...
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