vendredi 24 décembre 2010

Vendredi : c’est Noël : la liberté en cadeau !

Le cadeau le plus beau, c’est la liberté. Chaque jour, je me sens reconnaissante de vivre dans un pays libre, où les femmes sont libres. Même les mercis essaimés aux quatre vents des Quotidiennes ne sauraient assez dire cette reconnaissance-là. La liberté, c’est Noël tous les jours de l’année.

Alors je rêve, qu’un soir de Noël, un nouveau Basaglia nous arrive, en guise de Père Noël, et que comme Franco Basaglia, qui a ouvert les portes des asiles psychiatriques en Italie, il ouvre les portes des prisons. Oui je sais, ce n’est pas dans l’air du temps, mais je continue de prétendre que dans ce domaine comme dans d’autres, la position utopique est indispensable. “Eutopique” en l’occurrence.

Personne n’aurait prédit que Basaglia réussirait. Et pourtant, il a réussi et plus personne aujourd’hui ne met son action en cause. On l’a tout simplement oublié. L’oubli est peut-être la meilleure consécration des justes révolutions. Peu nombreux sont ceux qui se souviennent que la peine de mort en France a été abolie il y a seulement 30 ans, en 1981, par un autre Père Noël du nom de Badinter.

Alors, à l’instar de Francesco Della Casa, rédacteur en chef de la revue Tracés, et de beaucoup d’autres, j’affirme que des alternatives à l’enfermement strict existent, que l’espace-temps carcéral, ce temps gelé hors du temps, à même de précipiter chez les prisonniers le désir de suicide, n’est pas une solution, et qu’il est temps, non plus seulement de réfléchir, mais de mettre en place ces alternatives qui d’une part existent et d’autre part ont fait leur preuves, en Angleterre par exemple – ou en Corse : je cite ici Della Casa : “Dans l’ancien pénitencier de Casabianda, en Corse, murs et barreaux ont été supprimés. Les détenus travaillent et font du sport dans un domaine de 1500 hectares, puis rentrent le soir dans une chambre dont ils détiennent la clé. Depuis 1949, aucun d’entre eux n’a tenté de mettre fin à ses jours, ni de se faire la belle. Une fois la peine accomplie, le taux de récidive y est inférieur à 1%.”

Dans le cadre du prochain Colloque international d’architecture émotionnelle qui aura lieu à Genève en janvier 2011, Leopold Banchini, qui a consacré beaucoup de temps à l’étude de l’architecture carcérale se situera clairement dans la lignée du philosophe Alain Brossat : «Dans une perspective historique, la question n’est pas de savoir que faire de la prison, comment améliorer les prisons, voire comment aligner l’ordre pénitentiaire sur les normes générales de l’État de droit – mais bien de se demander comment s’en débarrasser, et au plus vite... » – le même Leopold Banchini qui s’est vu par ailleurs attribuer, avec ses collègues, dans le cadre de son travail au sein du Laboratoire de la production d’architecture (lapa) de l’EPFL dirigé par le Professeur Harry Gugger, le prestigieux Lion d'Or de la Biennale de Venise Architecture 2011, pour la conception de l'exposition nationale du Royaume de Bahreïn, la plus convaincante, selon les experts, du thème même de la Biennale : “People meet in architecture”.

Le plus beau cadeau de Noël, une fois encore : la liberté et la fin de tous les emprisonnements qui ne sont pas indispensables. Nous pourrions commencer, modestement, par l’abolition immédiate de cette absurdité que représente la détention administrative. Un petit pas, eutopique, vers l’utopie bienfaisante.

Joyeux Noël !


Publié le 24 décembre 2010, dans les Quotidiennes

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