mardi 6 janvier 2009

Etudier la mode, le modèle d'Anvers

Au tournant de l’année, encore un peu de légèreté, toujours bienvenue… La mode est quelque chose de très sérieux, mais elle sait se prendre à la légère, et s’envoler aussi vite qu’elle est venue… On se souviendra longtemps du magnifique défilé de la HEAD (Haute Ecole d’Art et de Design) au Centre d’art contemporain cet automne: que de talents, quelle splendeur, si éphémères et si précieux.

Mais pour acquérir cette légèreté bienvenue, la mode se doit d’être très strictement enseignée par les uns et apprise par les autres. Le modèle même de l’Académie de mode (Académie, et non Ecole, son directeur insiste non sans raison), c’est l’Académie royale des Beaux-Arts d'Anvers. Ils sont nombreux à rêver, «ce sera Anvers ou ce ne sera pas»… Mais comment une Académie devient-elle ce lieu mythique aux côtés duquel il n’y a pas d’alternative? Walter Van Beirendonck, actuel directeur de l’Académie, styliste, artiste et enseignant passionné, explique: «Bien sûr, il y a l’Histoire, celle des 6 notamment: Dirk Bikkembergs, Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Dirk Van Saene, Marina Yee et moi – aujourd’hui encore les 6 d’Anvers font rêver ceux qui veulent apprendre la mode. Mais il y a bien plus que cela: la rigueur de la sélection d’abord, celle de l’enseignement ensuite. La sélection, la même pour tous, est basée sur deux critères: d’une part sensibilité créative; de l’autre passion et ambition. «Sur cinq cents candidats, nous sélectionnons une soixantaine d’étudiants, dont une dizaine suivront le chemin jusqu’au bout. Tout au long de ce chemin, l’Académie crée un environnement qui apporte à la créativité des étudiants cette ‘extra-power’qui fait d’Anvers un tremplin sur lequel ils pourront rebondir à tout instant de leur carrière. Certes, il y a d’autres écoles, mais la situation de l’Académie est très particulière: d’une part nous sommes complètement intégrés dans l’Ecole d’Art et l’Université, et d’autre part nous mettons toute notre énergie à faire en sorte que les étudiants expriment leur personnalité, la spécificité de leur créativité, leur signature propre. De la première à la quatrième année, nous les guidons et les talonnons à la fois, ils ont le devoir et la liberté de chercher, de travailler, de creuser leur propre talent, de se confronter à eux-mêmes: une situation de luxe absolu, y compris pour les professeurs. Même si nous sommes toujours sous-payés, comme tous les enseignants d’ailleurs (sauf peut-être, en Suisse?) nous prenons un vrai plaisir, à stimuler la créativité, à vivre la mode. Vivre la mode, à chaque instant, car l’exigence de qualité ne permet à personne de rentrer chez soi le soir et de faire autre chose. Nous sommes sans cesse en train de travailler le rêve, de le pousser, car tout ce fourmillement d’idées se doit d’être transformé sans délai en vêtements, et les vêtements réalisés, fabriqués, coupés, cousus, portés… C’est très belge (et suisse aussi?) de ne pas être seulement dans le rêve ou le glamour, mais de nous situer dans un jeu d’équilibre entre créativité et réalisme, les deux aspects étant aussi importants l’un que l’autre dans la présentation finale d’une collection.»

Une chose est certaine, c’est que Walter Van Beirendonck vit ce qu’il enseigne et enseigne ce qu’il vit. Il expose en janvier ses créations artistiques à la galerie Polaris à Paris, un rendez-vous art et mode à ne pas manquer!
La mode, l’art: une même passion, un même travail. La passion au quotidien, indispensable pour survivre. Et le travail, quand il constitue la vie même. Le talent, disait Beethoven, c’est de travailler tous les jours. En toute légèreté.
http://www.antwerp-fashion.be/index.asp.
http://www.galeriepolaris.com/artistes.php?id=36

Publié le 6 janvier dans Les Quotidiennes

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