Pour ces dernier jours d’août mais jusqu’au 14 novembre si vous préférez la Gaule dans son manteau d’automne, une double destination de rêve : le musée de Bibracte et le relais Bernard Loiseau à Saulieu. Ou l’inverse. Les monts du Morvan les séparent, ou les unissent. Les unissent aussi, la beauté de la Gaule profonde et l’amour de l’art.
Bibracte ? Le Centre Archéologique européen, un musée magnifique – un mur surtout, qui ne sépare rien si ce n’est le temps peut-être - dessiné par l’architecte Pierre-Louis Faloci et dirigé avec passion par Vincent Guichard, lequel s’intéresse, entre mille autres choses, au cannibalisme helvète... Vous savez, les restes humains trouvés par les archéologues au bien nommé Mormont... Je rêve de cannibalisme depuis, d’une résidence littéraire au Morvan, pour raconter pourquoi et comment nous nous mangeons les uns les autres...
Mais ce printemps, la résidence d’artiste fut attribuée au vidéaste turc Ali Kazma. Kazma filme le travail humain sous toutes ses formes. “Par l'intermédiaire de l'objectif de la caméra, Ali Kazma s'intéresse d'abord et avant tout à l'homme et à la façon dont ce dernier active des territoires personnels ou collectifs. Ses vidéos sont des relevés très attentifs de diverses activités professionnelles. Elles montrent ainsi comment l'homme interagit avec le monde, l'influence et le transforme.” Au musée de Bibracte, la vidéo Studio Ceramist est montrée dans la salle des poteries anciennes ; celle du Clock Master dans la salle qui montre les vestiges des premières activités industrielles...
Au Morvan on explique “qu’aucune commande spécifique n'a été passée à Ali Kazma. Nous souhaitions simplement qu'il porte son regard de vidéaste sur l’un ou plusieurs ou quelques aspects de la vie contemporaine dans le Morvan.” Evidemment, on s’attendait à ce qu’il s’intéresse par exemple aux scieries... Eh bien non. Ali Kazma s’est invité pendant une semaine dans les cuisines du relais Bernard Loiseau à Saulieu. Il y a mangé, matin midi et soir – jusqu’à ne plus vouloir manger rien d’autre. Il a filmé avec la plus grande attention le travail en cuisine, des heures et des heures de tournage pour dix minutes de vidéo. Kitchen, qui sera également montrée en octobre à la Galerie Municipale de Nanterre avec d’autres vidéos de la série Obstructions, dans une exposition intitulée Savoir Faire, occupe une place particulière, selon Ali Kazma, dans cette série : en effet, contrairement aux autres produits - le produit du cuisinier est consommé immédiatement. A la fin de Kitchen, on entend la voix de Patrick Bertron qui dit “service s’il-vous-plaît”. Et le plat s’en va pour ne plus revenir... Des heures de travail sont généreusement offertes, sur plateau, avec une méticulosité et un amour du travail culinaire créatif que Kazma nous donne à voir avec tout son art.
Publié le 23 août 2010 dans les Quotidiennes
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