Une ceinture dans la neige, un lien dans ses mains, des garçons en T-shirts blancs, les vêtements suspendus comme papier glacé qui flottent dans le vent, vêtements de neige numérotés qui attendent, dans l’immense halle vitrée le vent souffle et fait danser les sacs sur leurs racks, les sacs de papier qui contiennent les chaussures, les papiers qui recouvrent les vêtements, les images du scénario qui attend comme oublié, des ex-votos enneigés accrochés aux cintres. Derrière ceux qui regardent, le ciel est lourd de neige, neige qui s’accumule sur les vitres du plafond puis croule sur les sièges, se fond en bouteilles d’eau - la reine des neiges a passé par là dans sa robe de glaçons.
Dans la grande halle vide le temps enveloppé de neige n’existe plus. Les vêtements flottent hors de lui et l’artiste les a aimés, il les a rencontrés, il les a dessinés comme l’on photographie, il les a photographiés comme l’on dessine. Il a passé du temps avec des vêtements comme il ne l’avait jamais fait auparavant. L’attente est longue et la vie d’avant la vie n’en finit pas, comme une adolescence passée devant sa propre garde robe, à regarder encore ces étranges revenants, les draps, les linceuls, une attente immaculée.
La neige silencieuse n’arrête pas de tomber son velours de blancheur sur les épaules du monde étouffant tout bruissement et le silence, perles de neige, gouttes de rosée bleue, fleurs de cynorrhodon, bourgeons d’églantine et larmes de cristal deviennent éclats de givre dans les yeux. La reine des neiges a passé par là dans sa robe de lumière.
Les femmes venues d’ailleurs, groupe aléatoire, passent fièrement comme une phalange musclée et souple et puis s’en vont et s’en retournent là-bas attendre leur printemps. Les vêtements retrouvent leur place sur les racks les chaussures dans leurs boîtes les ceintures suspendues mais leur souvenir reste en boucle et s’il neige en janvier, cet été nous les reverrons sur les boulevards libres Zuzanna Alina Vivanne Danijela Jaine Tara Bojana. Joie solaire : les neiges ont fondu et les femmes flottent dans l’été les ceintures déliées un langage inconnu. La terre est bleue comme une orange les guêpes fleurissent vert l’aube se passe autour du cou et le pas des femmes sur les boulevards libres laisse tout le soleil sur la terre sur les chemins de ta beauté.
Barbara Polla pour Sang Bleu et Kris Van Assche
Remerciements à Matt Saunders et à Paul Eluard, La Terre est bleue comme une orange
The sky is white as an orange
A belt in the snow, a strap in his hands, boys in white T-shirts, clothes hanging like high-gloss paper blowing in the wind, numbered snow-clothes waiting, in the huge glassy hall the wind is blowing and making the bags dance on their racks, the paper bags holding shoes, the paper covering the clothes, the images of the script waiting, as if forgotten, snowy ex-votos hanging from the rails. Behind the onlookers, the sky is heavy with snow, snow piling up on the glass of the ceiling then tumbling down onto the seats, melting into bottles of water – the Snow Queen has been here in her gown of ice.
In the great empty hall time wrapped in snow has ceased to exist. The clothes float outside it and the artist has loved them, he has known them, he has drawn them the way one takes a photograph, he has photographed them the way one draws. He has spent time with the clothes like he had never done before. The wait is long and the life before life never ends, like an adolescence spent in front of your wardrobe, looking at these strange revenants, sheets, shrouds. Immaculate waiting.
The silent snow keeps falling its velvety whiteness on the shoulders of a world muffling all noise and the silence, snow pearls, drops of blue dew, rose-hip flowers, eglantine buds and tears of crystal become shards of frost in the eyes. The Snow Queen has been here in her gown of light.
The women from elsewhere, a random group, pass proudly like a muscular and supple phalanx and then go, go back over there and wait for their spring. The clothes resume their places on the racks the shoes in their boxes the belts hanging but their memory remains in a loop and while it may snow in January, this summer we’ll see them on the boulevards free Zuzanna Alina Vivanne Danijela Jaine Tara Bojana. Solar joy: the snows have melted and women are floating in the summer belts loosened an unknown language. The earth is blue like an orange wasps flower green dawn slips around necks and women’s steps on the boulevards free leave all the sun on the earth on the pathways of your beauty.
Barbara Polla for Sang Bleu and Kris Van Assche
Thanks to Matt Saunders and Paul Eluard, La Terre est bleue comme une orange
vendredi 17 septembre 2010
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