mardi 14 avril 2009

A propos de l'écriture (2) - je voudrais, comme l'art contemporain...

Ecrire, quelle drôle d'activité. Alors que la pratique et la monstration de l'art contemporain s'infiltrent partout, s'échappant des musées des galeries des maisons et envahissant la rue, la toile, les murs des villes, les panneaux publicitaires le Land voire le ciel... l'écriture semble rester close dans ses livres.

La pratique du théâtre de rue a bien tenté de changer les choses, mais peut-être les acteurs ont-ils eu froid, toujours est-il qu’ils sont retournés dans les salles...

L’écriture devrait prendre exemple sur l’art contemporain et se montrer, ailleurs que dans les librairies, dans les galeries, les musées, la rue, sur la toile et les murs de nos villes. L’écriture devrait trouver de nouvelles formes, elle aussi, se démultiplier, se libérer tout en gardant sa splendeur, mieux, en la magnifiant, en la partageant – car finalement, même l’art contemporain, pour exister, doit non seulement se regarder, mais aussi se penser et se dire avec des mots et des écrits.

Roland Barthes déjà se posait la question – parmi des centaines d’autres questions - “je suis dans ma chambre, je vois ma chambre, mais déjà, est-ce que voir ma chambre, ce n’est pas me la parler ? De ce que je vois, qu’est-ce que je vais dire ?

Nous parlons partout – nous devrions écrire partout aussi, et surtout dire les mots écrits, pas seulement les mots parlés. Lire la poésie, lire les textes, lire par exemple, Je meurs comme un pays, de Dimitris Dimitriadis, et même si Anne Alvaro le dit si magnifiquement au MC93 de Bobigny, le lire aussi, ici et là, le jour, la nuit, pour que la langue ne disparaisse jamais. Car il n’est pas de pays sans langue... – d’ailleurs, la Suisse est-elle vraiment un pays ?

“L’occupation en effet dura des siècles, écrit Dimitriadis. Le temps nécessaire à ce que les frontières traditionnelles du pays disparaissent, absorbées au sein de la vaste ordonnance qui désormais recouvre la planète – car la langue cessa un jour, comme on l’avait projeté, d’être parlée, et se mit à exister comme une relique...”

Pour que la langue jamais, ne cesse de vivre, disons-la, le jour, la nuit, partout... Réciter des poèmes, le matin. Les déclamer dans la rue, sans peur du ridicule. Lire à haute voix, aux enfants, mais aussi entre adultes. Lire à plusieurs, vingt quatre heures de suite. Car l’écriture – fût elle pratique solitaire et nocturne – ne saurait vivre sans être lue en pleine lumière – comme l’art contemporain ne saurait exister sans être vu.

Publié dans les Quotidiennes, le 14 avril 2009

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