
Publié dans Migros Magazine, le 31 mai 2010
Ejecté de l’utérus, son véhicule premier, ce moyen de transport primitif dans lequel il aura appris le balancement, l’intériorité, la chaleur, le déplacement protégé et sans effort, l’enfant puis l’homme ne va rêver que d’une chose : retrouver un moyen de transport à peu près équivalent.
Il va dès lors construire des carrosseries plus belles, plus solides, plus résistantes, plus légères même que celle des femmes : voyez ces courbes, ce brillant, caressez ces carrosseries...
Publié le 20 mai dans les Quotidiennes
Ugo Rondinone est l'un des artistes suisses les plus importants et les plus émouvants. Celui que l'on appelle parfois "le clown" nous touche au plus profond, à la fois par son esthétique et par son humanité. Madeleine Schuppli, directeur du Aargauer Kunsthaus, lui consacre la première exposition solo en Suisse depuis plus de 10 ans. Elle lui consacre d'ailleurs plus qu'une exposition : elle lui consacre son musée. En effet, Rondinone non seulement expose des pièces - mieux, il investit le musée d'atmosphères spécifiques, de rêves parfois monumentaux, parfois fragiles, mais toujours poétiques. Rondinone est un poète de vie, comme tous ceux qui savent habiller le quotidien le plus banal de la plus belle des magies sans oublier la souffrance que cet indispensable exercice inflige : les clowns, donc.
Rondinone va plus loin encore : non seulement il expose des pièces magnifiques, comme son olivier blanc à la fois ancestral et futuriste ou ses ciels immenses, dont les galaxies sont révélées par la terre - non seulement il investit le musée tout entier de multiples atmosphères Ugoiennes, notamment sonores, car l'artiste, peut-être synesthésique, fait constamment appel à nos sens pluriels et fait parler ses oeuvres - mais il cherche encore à sortir du musée à la rencontre du monde, car sans cette connexion, sans cet aller vers l'autre, même la création la plus belle reste incomplète.
S'il est une exposition à voir en ce moment en Suisse, c'est donc bien "La Nuit de Plomb", une rencontre de l'artiste avec lui-même, avec la poésie, avec nous tous. La vie pèse parfois comme du plomb sur nos épaules. La poésie nous rend ce poids très cher.
NOTE:
Mardi 18 mai , conversation entre Ugo Rondinone et Madeleine Schuppi.
Dimanche 13 juin, présentation du catalogue qui accompagne l'exposition, avec notamment des textes de Beatrix Ruf , Klaus Biesenbach, Agustin Pérez Rubio et Madeleine Schuppi.
Publié dans les Quotidiennes, le 17 mai 2010
Ce corps qui est le seul endroit ou chacun de nous vit tous les jours, l’architecture intime de nous-mêmes. Une architecture qui selon Shusterman peut toujours être améliorée : le philosophe-thérapeute se situe ainsi clairement dans la ligne de la pensée pragmatique et mélioriste et croit à la plasticité somatique – dans la limite des contraintes corporelles.
Shusterman convaincu par ailleurs que l’esthétique du corps du philosophe lui-même - le “style somatique” de celui qui professe - est aussi importante, dans la transmission de ses idées, que les idées elles-mêmes. “Même chez les philosophes, nous dit Shusterman avec modestie, la pensée passe par un comportement somatique : il s’agit de convaincre logiquement et de séduire esthétiquement...
L’apparence donne beaucoup de pouvoir aux idées : le philosophe est comme un acteur, a performing artist, et la distance qu’il y a entre convaincre et persuader est comblée - ou non - par le corps.” Shusterman se réfère, entre autres, à Wittgenstein, dont les élèves décrivaient abondamment l’allure impériale, le regard souvent féroce, la personnalité très “physique”... Une somaesthétique très palpable aussi, dans l’abécédaire de Deleuze par exemple, dans les cours de Roland Barthes aussi.
Le “style”, ainsi, qu’il soit la présentation physique de soi-même ou l’expression parlée ou écrite, implique un choix. Il peut être, de manière plus ou moins inconsciente, l’expression du caractère ; il peut aussi être travaillé, jusqu’à l’excès – mais dans tous les cas, le style est un choix. De manière intéressante, le terme même de “style”, si on se réfère à l’écriture, ne vient pas de la physicalité des mots (la bouche, les cordes vocales, la respiration) mais du geste corporel d’écrire – de graver, avec un “stylet”... Le style est donc contextuel, en relation avec les instruments utilisés pour écrire. Le “traitement” de texte induit d’autres formes stylistiques que l’antique machine à écrire et réécrire, avec ses contraintes et ses marges... La plasticité du langage ET le choix du style rejoignent la plasticité somatique et le choix de son corps, ceci dans la limite des contraintes de base liées tant au corps qu’à l’écriture d’une époque donné. Il y a une “stratégie du style” (selon Laurent Jenny ) comme il existe une “stratégie somaesthétique”. Le style a affaire à de “l’étrange” dans la langue – à de l’étrange dans le corps peut-être aussi – étrange, étranger à l’autre et propre à soi-même.
Publié dans les Quotidiennes, le 10 mai 2010
Excellente nouvelle : les gens heureux gagnent plus d’argent. La source est imparable : Saatchi & Saatchi. Ecoutez du peu : “Greater happiness is associated with higher future income, research shows. A one-point increase in people's assessment of their happiness on a five-point scale was linked to a 3% higher income five years later, according to a study cited by Saatchi & Saatchi.
Normal en fait ! Les gens préfèrent, souvent, suivre les heureux plutôt que les grincheux. Dans l’entreprise comme dans la vie, celui qui est heureux va avoir davantage tendance à donner, à valoriser l’autre, à développer le capital humain – et donc à faire fructifier l’entreprise.
Voltaire disait : “j’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé”. Aux Etats Unis on dira : je décide d’être heureux parce que c’est bon pour ma carrière ! Mieux vaut être riche, jeune et en bonne santé, que pauvre vieux et malade. C’est du moins ce que dit le dicton, et aussi ce que l’artiste russe Elena Kovylina a écrit sur l’une de ses toiles...
Une passante, à la foire d’art de Bruxelles, regarde, lit et me dit : “mais, et le bonheur ? Peut-être que si j’étais riche, jeune et en bonne santé, je ne saurais pas ce que c’est que le bonheur ?” En effet. Commençons donc par être heureux...
Publié dans les Quotidiennes le 3 mai 2010
Le vendredi 30 avril étaient décernés à Genève, à la Salle de la Madeleine où le BPW a été fondé il y a quatre-vingts ans, par le BPW (Business & Professional Women), les Lena Awards, en mémoire et en honneur de la fondatrice du BPW International, Lena Madesin Phillips.
L’objectif de ces prix – dans l’esprit de Lena Madesin Phillips – est de présenter à un large public les succès atteints par des femmes et pour les femmes - comment ne pas en parler dans les Quotidiennes !
Responsables, engagées, financièrement indépendantes et libres de leurs choix et décisions, voilà le profil de femmes BPW. Les lauréates : Véronique Goy Veenhuys, fondatrice de Equal Salary , une initiative, comme elle le soulignera, qui sert d'abord l'économie, avant même que de servir les femmes - Jolanda Plüss, une femme de chantiers, à la tête d'une entreprise de nettoyage de bâtiments, à la tête aussi d'une famille monoparentale, et Paola Ghillani, qui s'est fixé comme objectif de rendre le monde meilleur grâce à des modèles économiques durables, intégrant le coeur et l'esprit et la profitabilité pour tous.
Trois femmes engagées dans l'économie, chacune à sa manière, en accord parfait avec le "profil BPW". Trois femmes très émues : Jolanda Plüss en particulier, modèle de femme remarquable et discrète, qui dans son entreprise compte de nombreuses femmes cadres, mais aussi des hommes, des étrangers, qui tous semblent nous dire, comme Kadriye Tanilmis - oui, chaque jour je me réjouis, de travailler dans cette équipe...
Bravo aux trois lauréates - et aux nominées aussi - et bravo aux hommes qui nous soutiennent, dans notre chemin vers la liberté personnelle et la responsabilité économique. Ce fut une des conclusions importantes de la soirée : les hommes avec nous !
Publié dans les Quotidiennes, le 3 mai 2010
Londerzeel n°0 : Dessine moi un Homme Londerzeel n°1 : Dessine moi une Femme |