La question de savoir ce que la politique pourrait bien faire pour les PME est toujours ouverte. Mais peut-être que le mieux que la politique puisse faire pour elles, c’est rien. Les laisser tranquilles, les laisser prendre les initiatives nécessaires, se développer et créer des emplois. Les oublier en somme, oublier les taxes et impôts surtout, les contrôles intempestifs, la main-mise. Peut-être la vraie réponse est-elle toute autre, sous forme de question elle aussi : que pourraient - que devraient - faire les PME pour infléchir aujourd’hui les difficiles équilibres entre économie et politique ?
A tous les niveaux, la grande économie prend le pas sur la démocratie. Si l’Amérique perd en liberté, c’est pour des raisons économiques bien plus qu’idéologiques : le marché des armes comme celui du pétrole, dictent leurs lois à la politique - y compris à la politique culturelle d’ailleurs. Par respect de l’argent du pétrole, on voit disparaître peu à peu la figure humaine, le sexe et le sang dans une certaine forme d’art officiel… Si la Suisse n’adhère pas à l’Europe politique, c’est parce que les intérêts de sa place financière vont à l’encontre d’une telle option. Si la globalisation touche le travail bien plus que les marchés, c’est que les revenus de la délocalisation du travail sont prépondérants sur ceux de l’ouverture des marchés.
Dans ce combat inégal, les PME, pour petites ou moyennes qu’elles soient, ont à remplir un rôle d’arbitre, voire de modèle, absolument crucial. Qui peut affirmer aujourd’hui la prépondérance du capital humain sur le capital inhumain? Qui sait ce que bonne gouvernance veut dire, sur le terrain même de la vie entrepreneuriale? Qui est en mesure d’implémenter concrètement et sans dogmatisme les principes du développement durable? Qui sait évaluer réellement les besoins d’immigration et les besoins sécuritaires, et distinguer au mieux les régulations indispensables de celles mortifères? Et qui sait vraiment, ce que libéral veut dire?
Ma réponse est claire: ce sont les PME, et avec elles, leurs centaines de milliers de collaborateurs. Parce que dans les PME, le pragmatisme prime, les niveaux hiérarchiques sont quotidiennement effacés par la recherche d’efficacité, le meilleur de chacun constamment requis, le respect de tous indispensable au fonctionnement de chacun. Et si notre pays reste un modèle de démocratie, c’est bien parce que le tissu des PME est serré et ce n’est que dans les domaines où ce tissu se défait et laisse place à des superstructures molles que la démocratie est en péril.
Concrètement, les politiciens, plutôt que de se demander, louablement certes, comment faire pour soutenir les PME, feraient mieux d’aller sur leur terrain pour apprendre les équilibres fondamentaux entre patrons et collaborateurs, de manière à s’en inspirer lorsqu’ils auront à gérer ces mêmes équilibres à d’autres niveaux, économiques, administratifs, ou globaux. Concrètement encore, les PME, même si elles croulent déjà sous leurs responsabilités, devraient lever la tête avec plus de fierté encore et prendre la parole plus souvent qu’à leur tour, non pas pour réclamer de l’aide, mais pour se poser en modèle de gestion humaine, éonomique et démocratique.
Publié dans l'AGEFI le 25 juillet 2008
vendredi 25 juillet 2008
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