Vous n’êtes encore jamais allés à Vitry sur Seine ? Normal : pourquoi donc se rendre dans ces municipalités, depuis toujours communistes, de la banlieue parisienne, où le taux d’immigrés est maximal ? Une cité où le meurtre d’un adolescent de 15 ans, Abdelkader de son prénom et de nom oublié, provoque en 1980 manifestations et émeutes et où celui de Sohane Benziane, 17 ans, brûlée vive dans un local à poubelles, devient le symbole de la lutte des jeunes filles des banlieues contre une violence que l’on ose à peine à nommer « machiste » ?
Non, vous n’irez pas à Vitry sur Seine pour faire votre shopping ou pour dîner. Mais vous devriez vous y rendre pourtant, car Vitry sur Seine est aussi, ville de culture. Au plein cœur des émeutes des banlieues « sensibles », à l’automne 2005, Vitry sur Seine inaugure son musée, labellisé Jacques Ripault, un architecte qui aime le béton, sa capacité à réaliser l’intériorité et protéger le mystère d’un lieu dédié : le MAC/VAL.
Au MAC/VAL (http://www.macval.fr), vous découvrirez Nocturne - le titre de l’exposition « mise en scène » par Alain Bublex. L’artiste français a conservé l’accrochage préexistant à sa propre exposition, Je reviendrai , (imaginé par Alexia Fabre, conservateur du MAC/VAL) pour faire des œuvres de la collection une sorte de toile de fond, un voyage dans une mémoire qui se perd d’autant plus aisément qu’elle est plus récente. Je reviendrai en Nocturne, donc : Alain Bublex a éteint les lumières pour que ses projections vidéo, urbaines et archi-complexes, se voient d’autant mieux : éteindre, pour que la mémoire revienne. Revenir, pour se souvenir. S’insinuer, insinuer son travail dans un musée plein plutôt que vide : les sens se superposent, comme les oeuvres, et l’accumulation fait œuvre de mémoire.
Dans la vidéo Plug In City, Bublex réinvente une ville construite sur les décombres d’autres cités d’hier ou de demain. Que montrer d’autre d’ailleurs, à Vitry sur Seine, que des travaux en rapport avec la ville, tels
la peinture–photographie de Philippe Cognée (Immeuble, 1997), ou les portraits de Pierre Faure, lui-même photographe de scènes urbaines, réalisés par Valérie Jouve (1997-2000) : un homme seul marche dans la rue, regardant le sol – ou encore, pour revenir à Bublex, ses motos et sa célèbre Aérofiat… « Voyager, partir, quitter, emporter, imaginer, rêver, espérer, chercher, trouver, fabriquer, réaliser, revenir… », tels sont les verbes d’Alexia Fabre pour décrire son accrochage. « Remettre en chantier mon propre travail et plonger le visiteur dans l’obscurité et la découverte d’un temps énigmatique, intime et mystérieux » tels sont les objectifs de Alain Bublex.
Rencontre d’un nouveau type. A voir jusqu’à l’été.
Allez donc à Vitry sur Seine, et vous y reviendrez...
Publié dans l'Extension le 10 mars 2009.
Non, vous n’irez pas à Vitry sur Seine pour faire votre shopping ou pour dîner. Mais vous devriez vous y rendre pourtant, car Vitry sur Seine est aussi, ville de culture. Au plein cœur des émeutes des banlieues « sensibles », à l’automne 2005, Vitry sur Seine inaugure son musée, labellisé Jacques Ripault, un architecte qui aime le béton, sa capacité à réaliser l’intériorité et protéger le mystère d’un lieu dédié : le MAC/VAL.
Au MAC/VAL (http://www.macval.fr), vous découvrirez Nocturne - le titre de l’exposition « mise en scène » par Alain Bublex. L’artiste français a conservé l’accrochage préexistant à sa propre exposition, Je reviendrai , (imaginé par Alexia Fabre, conservateur du MAC/VAL) pour faire des œuvres de la collection une sorte de toile de fond, un voyage dans une mémoire qui se perd d’autant plus aisément qu’elle est plus récente. Je reviendrai en Nocturne, donc : Alain Bublex a éteint les lumières pour que ses projections vidéo, urbaines et archi-complexes, se voient d’autant mieux : éteindre, pour que la mémoire revienne. Revenir, pour se souvenir. S’insinuer, insinuer son travail dans un musée plein plutôt que vide : les sens se superposent, comme les oeuvres, et l’accumulation fait œuvre de mémoire.
Dans la vidéo Plug In City, Bublex réinvente une ville construite sur les décombres d’autres cités d’hier ou de demain. Que montrer d’autre d’ailleurs, à Vitry sur Seine, que des travaux en rapport avec la ville, tels
la peinture–photographie de Philippe Cognée (Immeuble, 1997), ou les portraits de Pierre Faure, lui-même photographe de scènes urbaines, réalisés par Valérie Jouve (1997-2000) : un homme seul marche dans la rue, regardant le sol – ou encore, pour revenir à Bublex, ses motos et sa célèbre Aérofiat… « Voyager, partir, quitter, emporter, imaginer, rêver, espérer, chercher, trouver, fabriquer, réaliser, revenir… », tels sont les verbes d’Alexia Fabre pour décrire son accrochage. « Remettre en chantier mon propre travail et plonger le visiteur dans l’obscurité et la découverte d’un temps énigmatique, intime et mystérieux » tels sont les objectifs de Alain Bublex.
Rencontre d’un nouveau type. A voir jusqu’à l’été.
Allez donc à Vitry sur Seine, et vous y reviendrez...
Publié dans l'Extension le 10 mars 2009.
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