dimanche 8 mars 2009

Les femmes et la crise : éthique et intelligence émotionnelle

Avez vous remarqué une disparité des plus intéressantes ?

Tous les grands fraudeurs, tous les grands perdants de cette époque calamiteuse sont des hommes. Pas de Madame Madoff, pas de Lehman Sisters, pas d’anciennes banquières de l’UBS qui ait créé des sociétés écrans… Sur Google, qui déborde des informations les plus vraisemblables comme des plus invraisemblables sur la crise financière et les fraudeurs, ne semble pas connaître le féminn de fraudeur – et lorsque vous recherchez femme-fraude-crise vous tombez sur la grande fraude des chaussettes… http://www.lepoint.fr/actualites-politique/fraude-a-la-chaussette-deux-femmes-mises-en-examen/917/0/282129
Evidemment direz-vous.Pas de femmes aux commandes – pas de femmes en cause dans la crise. Trop facile !
Mais en fait si vous regardez les statistiques d’un peu plus près, vous constaterez effectivement que les femmes sont fauteuses de troubles et génératrices de crise dans une moindre mesure que les hommes – voire, qu’elles sont protectrices dans ce contexte tumultueux. Les faits sont là, largement reconnus : les entreprises petites ou moyennes qui occupent une majorité de femmes résistent mieux à la crise que les autres. Et il ne s’agit pas là d’un rêve de midinette, non, une étude récente de McKinsey établit cette plus grande performance des entreprises comportant davantage de femmes dans leurs équipes managériales. Le professeur français Michel Ferrary va plus loin et affirme sur la base de ses propres travaux que « les entreprises qui ont un fort taux de féminisation résistent mieux aux tourmentes des marchés boursiers ». BNP Paribas par exemple, qui affiche le taux de féminisation de son encadrement le plus important des banques françaises, a mieux résisté que les autres banques françaises. Question de valeurs ou moindre prise de risque ? Responsable des relations publiques à la banque Lloyds, Caroline Miller n’est pas certaine que les femmes prennent moins de risques – « mais elles les évaluent autrement ».

Autre explication : l’éthique à laquelle les femmes sont généralement très sensibles n’est probablement pas étrangère à ces observations. Le respect des principes fondamentaux de Kant, et notamment de celui qui veut que tout collaborateur ne saurait être seulement un moyen (un moyen de production et de génération de richesse), mais doit également être considéré comme une fin (en tant qu’individu singulier ayant son existence propre), est plus que jamais d’actualité en ces périodes de licenciements parfois inévitables. La plus grande attention portée aux collaborateurs, la prise en compte de leurs besoins, de leurs revendications éventuelles, de leurs difficultés, permet de licencier dans les meilleures conditions. Le collaborateur remercié va alors rester porteur d’une image positive de l’entreprise, et sera probablement prêt à être réengagé une fois que la roue aura tourné.
Il faut une grande pratique de l’intelligence émotionnelle et une vision de long terme plutôt que d’efficacité immédiate et de rapidité maximale pour licencier ainsi ! Les femmes donc, l’un des antidotes à la crise. Trop facile !

Publié dans l'AGEFI, le 27 février 2009

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