Cela faisait quelques mois que je n’étais pas venue à New York. La première chose qui frappe : dans l’intervalle, la pauvreté semble s’être installée, une impression qui confirme les chiffres déjà avancés en mars de cette année (http://www.nytimes.com/2010/03/03/nyregion/03poor.html). Alors les New-Yorkais, qui savent qu’ils s’en sortiront toujours, sont redevenus philosophes. Tout le monde semble avoir admis que la crise est installée, qu’elle va durer et qu’il faut s’adapter. Comme toujours, comme partout, ce sont surtout les pauvres qui souffrent – mais pas seulement. Et la pauvreté visible de la rue retient davantage l’attention : la plupart des passants semblent regarder autour d’eux, sortent quelques pièces… ils ont davantage le temps. Comme une nouvelle compréhension, une nouvelle solidarité, créée par la perte des repères.
Les riches, eux, sont toujours riches. Mais ils font attention. Quand on pose la question à Richard Branson (le patron de Virgin) comment on fait pour devenir millionnaire, il répond : vous êtes milliardaire et vous achetez une compagnie d’aviation. On pourrait paraphraser, vous êtes milliardaire et puis la crise arrive. Là encore, on s’adapte, au plus vite : Sotheby’s dont on raconte qu’elle a licencié en une nuit 30% de ses collaborateurs au début de la crise, se porte bien, et présente même désormais des expositions de niveau muséal, en ce moment sur le thème de la Divine Comédie de Dante (http://www.sothebys.com/divinecomedy/#overview) , avec des pièces valant des millions de dollars… pour milliardaires, donc. Tollé dans les chaumières des galeries.
Les bonnes nouvelles ? Les artistes… pas les Cattelan, les Kunz, les Friedman et les autres – non, ceux qui sont en plein dans le processus créatif : ils créent avec plus d’engagement que jamais, travaillent dans l’espace public, collaborent, inventent… Les galeries, elles, ne passent pas toutes leur temps à se féliciter ou se plaindre des maisons de vente, elles se réinventent aussi, se repositionnent, Lower East Side par exemple, si vous êtes à New York allez voir l’exposition de Bob Flanagan à Invisible Exports (http://www.invisible-exports.com/). Des galeristes étonnants. Brooklyn grouille de vie, de poussettes, de bébés, comme si la crise générait un nouveau baby boom… Et la construction se poursuit. Et les hôtels flambant neufs sont deux fois moins chers qu’il y a deux ans. Et l’on parle de prendre soin de soi, de Health and Beauty – New York qui accueille chaque année la Health & Beauty Association (http://www.hbaexpo.com/) est devenue un temple du care… et le dernier Woody Allen, You will meet a tall dark stranger (http://mubi.com/notebook/posts/1840 ) (of course…) nous propose de vivre dans une vie parallèle, antérieure de préférence !
A bientôt New York !
Publié le 4 octobre 2010 dans Les Quotidiennes
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