Vous n’avez encore jamais porté de corset, parce que vous êtes vaguement féministe si ce n’est plus et que ce truc est totalement ringard ?
Détrompez-vous, c’est une découverte. Que nous raconte avec délices Siri Hustvedt, la magnifique épouse du non moins magnifique Paul Auster, à moins que ce ne soit surtout lui son mari, d’ailleurs. Elle en parle plus souvent qu’à son tour dans son Plaidoyer pour Eros (Actes Sud,2009) : mon mari par-ci, mon mari par-là…
Siri qui a tenté l’affaire nous dit que «porter un corset c’est un peu comme se sentir embrassée en permanence dans un enlacement de la taille qui jamais ne se relâche. C’est agréable et vaguement érotique : une étreinte qui jamais ne se relâche». Elle s’est même évanouie, minimum … car le vêtement, n’est-ce pas, c’est avant tout une idée - en l’occurrence une idée du sexe «faible».
Une idée à regarder dans le miroir avant que de ne l’écarter : la courbure de la taille devient extrême et les seins sont poussés vers le haut - le corset ne couvre pas le sexe et laisse les seins libres, juste un peu plus haut que d’habitude donc, en entre deux ce resserrement… comme le dit encore Siri, se regarder en corset, si on ne l’a pas porté avant, c’est se découvrir un nouveau corps. Les vêtements expriment ce que l’on souhaite être – déguisement, transformation, métamorphose – et les atours culturels du sexe n’en ont jamais fini, de nous définir, de nous faire nous aimer, nous changer, nous amuser… sans oublier, jamais, «le venin que peuvent, aussi, distiller les apparences».
Mais avant de rejeter le corset, il faut l’essayer – et peut-être même le garder ? Miroir mon beau miroir… il vous dira très bien si l’étreinte en vaut la peine.
Publié dans les Quotidiennes, le 21 octobre 2010
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