Le vendredi 5 novembre 2011 s’est tenu à Paris, à la Cité Internationale Universitaire de Paris, un nouveau colloque sur le logement étudiant, organisé notamment par Pascale Dejean, grande spécialiste de ces questions et ouvert par Bertrand Vallet (le précédent colloque avait eu lieu en 2009).
Cette année le Colloque s’intitulait Habitat étudiant, Un écosystème à inventer, et traitait plus spécifiquement de la créativité architecturale, développement durable et qualité d’usage, posant les questions suivantes, entre autres : «A l’heure où la Cité internationale lance de nouvelles constructions – Maison de la Région Ile-de-France, extension de la Maison de l’Inde – quel est son potentiel en matière de créativité architecturale, développement durable et qualité d’usage? La réglementation et les contraintes inhérentes au logement étudiant permettent-elles de poursuivre l’histoire innovante de la Cité internationale et de lui conserver sa place de haut lieu de l’architecture parisienne? »
Mais la question lancinante qui reviendra constamment au cours de la journée est celle de l’économie du logement étudiant. Cette question de l’économie ne se pose bien sûr pas seulement pour le logement étudiant, mais pour tout projet architectural, quand on n’a pas les moyens des starchitectes ou des grands ouvrages. Laurent Geninasca, qui s’exprimera à ce sujet lors du Premier colloque d’Architecture émotionnelle, répond à cette question par cette formule qui fera date : «Le seul luxe nécessaire est celui du temps de la réflexion». Le temps de la réflexion fut largement pris au cours de la journée du 5 novembre.
Deux présentations auront particulièrement retenu mon attention, dans une session modérée par Maria Gravari-Barbas, directrice notamment de la Fondation Hellé́nique à la Cité universitaire internationale. Gravari-Barbas nous assure que «le logement étudiant est un formidable laboratoire d’innovation, d’invention, d’une logistique de plus en plus sophistiquée et favorisant dans le même temps l’opportunité des rencontres : des petites machines ouvertes sur le monde». On veut bien la croire en examinant la Bikuben Student Residence de Copenhague ou Qubic de Amsterdam. Le bureau AART ARKITEKTER de Copenhague s’est donné comme mission de combiner le désir des étudiants de «privacy» et de vie communautaire dans le même lieu.
Selon AART ARKITEKTER, le sentiment de solitude est particulièrement délétère pour les étudiants. Et pour diminuer ce sentiment, la solution serait de « Make less space for loneliness » : minimiser l’espace privé, tout en le maintenant mais a minima («private when and only you wan to be private»), et en parallèle augmenter l’espace commun – et surtout mélanger les espace privés et les espaces communs voire publics – de manière à ce que les étudiants soient «obligés» de passer par des ères communes. Tout en respectant «le nirvana des étudiants», à savoir, tolérance, respect, empathie, interactions et connaissance (tout de même !).
Une autre formidable idée présentée par HVDN Architecture est celle d’un logement étudiant nomade, mobile. Construire en préfabriqué exclusivement, ce qui n’exclut pas la qualité (encore une fois, le temps de la réflexion y pourvoira !). L’idée est que le logement étudiant qui s’installe un jour sur tel terrain en friche, demain déménagera sur d’autres terrains, entrainant avec lui tout un système itinérant d’activation de la ville : qui dit logement étudiant dit aussi cafés, restaurants, magasins, services multimédia, blanchisseries… Quand on transforme un espace urbain en friche en un espace habité - par exemple - par les étudiants, cela active la Cité, génère plein d’activités, dans une vraie «logique de chantier».
Réellement, comme le dit Maria Gravari-Barbas, le logement étudiant est un formidable laboratoire d’innovation et d’invention. Inventons nous aussi !
Publié dans les Quotidiennes, le 5 novembre 2010
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