lundi 7 septembre 2009

Bienne en pleine utopie (2), ou voir le monde à l’envers

Utopics, l’exposition de Simon Lamunière, a ouvert ce 30 août à Bienne. Elle nous convie à une chasse au trésor, entre le u-topos, le lieu qui n’existe pas, et le eu-topos, le lieu où il fait bon vivre – peut-être que l’un ne va pas sans l’autre ? C’est en tous cas dans ces entre-deux mondes que Lamunière s’est infiltré pour composer Utopics.

Une fois à Bienne, commencez donc par aller chez l’opticien ! Vous y trouverez des lunettes très particulières signées Carsten Höller. L’homme a développé une double carrière scientifique et artistique et ses pièces faites de science fiction décalée s’en ressentent pour la plupart. Höller applique en effet des procédures d’expérimentation scientifique à des réalisations artistiques et tente parfois avec succès de réconcilier la vie humaine avec celle biologique dont elle dépend si intimement. Il pose sur le monde son regard d’entomologiste (oui oui il a étudié l’entomologie, la science des insectes) et analyse volontiers notre cerveau d’humain comme celui d’un insecte dont il disséquerait les fonctionnements avec la plus grande habileté.

Une fois chez l’opticien, pour vous assurer plein succès dans votre chasse au trésor artistique, essayez donc les Upside-Down Glasses de Höller, qui produisent une vision rétinienne non inversée et inversent donc logiquement la vision de celui qui les porte. Vous pourrez ensuite aller vous promener dans la ville avec ces lunettes qui génèrent la plus grande désorientation et qui ressemblent d’ailleurs plus à un casque d’enregistrement électroencéphalographique qu’à des instruments de courte-vue…. Il paraît qu’après une semaine, on s’habitue !

Mais avant de vous habituer, en sortant de chez l’opticien, allez directement au Palais des Congrès. Sur le longue paroi extérieure du Palais, l’étrange escalier de Lang/Baumann, sorti de nulle part, conduit à l’étage au-dessus, toutes portes closes. Conceptuel et esthétique, désorientant lui aussi, mais léger à l’envers autant qu’à l’endroit.

Voir le monde à l’envers ? Utopics nous y conduit, pour le plus grand bien de notre cerveau. Régénération garantie !

A Bienne, jusqu’au 25 octobre.

Publié dans les Quotidiennes, le 7 septembre 2009

Aucun commentaire: