Christophe Durand est une sorte de modèle en ces temps difficiles. Difficiles notamment en raison du chômage qui nous menace tous, mais plus particulièrement, les jeunes… Christophe, le chômage, il n’a jamais connu. Il s’est toujours trouvé du travail: son travail.
Tout a commencé simplement. Il voulait être coiffeur. Un métier qu’il a appris à la dure, en apprentissage, depuis l’âge de 15 ans. De son parcours d’autodidacte, avec ses hauts et ses bas, Christophe Durand tire aujourd’hui quelques messages qui nous parlent de nous, et de Genève.
Le premier message, c’est que quand on croit vraiment à quelque chose, avec le cœur, les tripes, le travail et la volonté, on réussit toujours, avec ou sans diplôme. Quand Christophe arrive à Genève, après avoir travaillé pour trois sous chez les meilleurs - Maniatis notamment, à Paris - il n’a ni argent ni permis de travail. Mais tout de même, en moins de deux ans, il trouvera les fonds nécessaires pour ouvrir son premier salon de coiffure, Parallèle, au passage Longemalle. Les banquiers genevois lui prêtent l’argent dont il a besoin : ce n’était pas une petite somme, mais le dossier était solide et le jeune homme crédible. D’ailleurs, Parallèle existe toujours, en Vieille Ville désormais, et quelques privilégiées qui gardent jalousement le secret ont encore le bonheur de confier leur tête à Christophe, un samedi par mois.
Le second message, c’est que Genève a cette qualité particulière de savoir, parfois, se laisser enthousiasmer par les grandes causes. Christophe Durand a fait flamber les nuits genevoises dans les années 1990, en organisant d’inoubliables soirées pour venir en aide aux enfants de la gare de Calcutta, avec le soutien de personnalités genevoises comme Guy-Olivier Segond, Camille Bonnant ou Kaylash Chandaria et sa fille Trisala. On l’appelait « le sorcier qui réinvente les nuits genevoises ». Mais Genève sait critiquer aussi et Christophe se souvient encore des questions de certains : « Mais Monsieur Durand, n’est-ce pas malsain de faire des soirées de ce type, alors même que des enfants meurent de faim en Inde ? » Il répondait avec sagesse, « vous savez, ce qu’il faut pour qu’une chose fonctionne, c’est que tout le monde soit satisfait, les gens qui paient pour faire la fête (8000 personnes à l’Arena pour un défilé de mode !), les bénévoles qui adhèrent à l’objectif, et les enfants au bout de la chaîne pour lesquels chaque année nous pouvons construire une maison ou une école. »
Le troisième message, c’est que « Genève, c’est comme une famille. C’est ici que j’ai appris le respect, dit Christophe Durand. Mais il faut la quitter si l’on désire la reconnaissance. »
Alors Christophe est parti pour Paris, et revient désormais le week-end, admirer Genève depuis les hauts du Salève. A Paris, il est devenu chasseur de tendance : il définit l’air du temps et les couleurs du futur. Smoky Flowers, c’est lui ; Une, la dernière ligne de maquillage de Bourjois, la première ligne de maquillage naturel, dont tout le monde parle aujourd’hui à Paris, c’est lui aussi. ICÔN, le magazine adoré des photographes, c’est lui encore… Son dernier surnom en date ? « Un électron libre nommé talent ». Sans oublier que « le talent, c’est de travailler tous les jours » (Beethoven). La preuve par Une.
Publié dans l'Extension,
lundi 21 septembre 2009
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